École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

Éducation enfantine

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Pascaline Citron

 

Exemple d'organisation
de la journée
en cycles 1 et 2


À Saint-Didier-sous-Riverie (69), les élèves de maternelle sont répartis en deux classes : les petite et moyenne sections ensemble, et la grande section avec le CP et le CE1. Le matin, après la période d'accueil pendant laquelle les parents peuvent rester un moment avec les enfants en cycle 1, les plus jeunes alternent les activités en groupe (PS et MS réunies) avec les ateliers en autonomie. Les enfants ont une carte avec leur nom et leur photo qu'ils accrochent à un panneau indi­quant les différents ateliers proposés pour indiquer ce qu'ils ont choisi de faire. Les activités en groupe sont placées à des moments stratégiques, comme le re­tour de récréation ou avant la sortie de midi, pour capter à nouveau l'attention des élèves et recréer un groupe classe. Pendant ce temps, les élèves de GS travaillent en groupe dans la classe de cycle 2 sur les activités proposées. À chaque début d'année, afin que ces enfants ne se sentent pas perdus parmi les "grands", l'enseignant se consacre exclusivement à eux de 8 h 30 à 10 heures, une aide-éducatrice s'occupant des CP et des CE1.
En début d'après-midi, pendant que les "petits" font la sieste, les "moyens" ont la possibilité, s'ils ne se sentent pas fatigués, de participer à des ateliers avec le cycle 2. Les élèves des deux cycles se mélangent alors pour se répartir dans trois ateliers différents (sur le thème des anniversaires par exemple: atelier 1 : repérage des dates d'anniversaire sur un calendrier; atelier 2 : fabrication de boîtes à cadeau ; atelier 3 : confection d'un gâteau). Après la sieste des petits, chacun rentre dans sa classe pour reprendre des activités jusqu'à l'heure de la sortie.

 

 

[Une première partie de l'article présente la Charte pour bâtir l'école du XXIe siècle.]

C'est ainsi que l'école publique de Saint-Didier-sous-Riverie, petite commune blottie dans les monts du Lyonnais, a appris en mars qu'elle était retenue pour faire partie de cette étude. Le directeur, Rémi Castérès, attend de cette expérience des résultats précis : « Nous n'avons pas attendu la Charte pour réfléchir à l'organisation de la journée dans l'intérêt de nos élèves. Nous espérons simplement que cette étude nous permettra d'obtenir de l'extérieur un avis scientifique et éclairé sur nos pratiques. » Depuis cinq ans qu'il dirige cette école, M. Castérès a réuni une équipe volontaire autour de lui et mis en place un système particulier qui semble porter ses fruits. L'école dispose de trois classes qui représentent chacune un cycle : Corinne s'occupe des petite et moyenne sections de maternelle, Jacques de la grande section, CP et CE1, et Rémi a en charge le cycle 3 (CE2, CM1 et CM2). Dans chacune de ces classes, l'emploi du temps est déterminé de manière à alterner au maximum les activités en groupe et les activités en ateliers, autonomes (lire l'encadré sur les cycles 1 et 2). En cycle 3, les élèves sont responsables de leur évaluation : dans chaque discipline, ils doivent obtenir des ceintures de couleur (de la blanche à la noire, qui correspond au niveau le plus élevé, comme au judo) en passant des épreuves pour lesquelles ils s'inscrivent selon leur choix. Des moments sont libérés en fin de matinée, pour le passage de ces épreuves ; les élèves ayant décidé de ne pas participer à ces tests s'occupent seuls par ailleurs. Dans cette petite école de trois classes, la place est comptée et l'organisation de la journée en tient compte : les récréations se font en alternance pour que chacun ait le maximum de place et que les petits ne soient pas "étouffés" par les grands ; pour les ateliers, les enseignants se partagent la salle commune, les créneaux étant minutés et fixés à l'avance. Pendant les heures de classe, tout l'emploi du temps est réfléchi pour que les enfants en profitent au maximum; par contre, quand la cloche a sonné, aux parents de prendre le relais. « Je refuse de rentrer dans le système des activités périscolaires, explique le directeur. Les parents n'ont pas a être des usagers de l'école qui n'ont qu'à choisir une activi­té pour leur enfant quand ils ne peuvent pas s'en occuper le soir Ici, nous avons mis en place une bourse des parents; ceux qui ont un problème de garde pour le soir trouvent toujours quelqu'un pour venir chercher leur petit et le garder quelques heures ! »

Ce "marché des parents", comme on l'appelle là-bas, n'est bien sûr pas transposable aux grandes villes, où il serait totalement ingérable vu le nombre de parents. C'est justement sur l'utilité et le développement de telles mesures que l'équipe de l'école aimerait avoir des retours. En quoi leur gestion des rythmes scolaires peut-elle être reprise par d'autres écoles ? Est-elle vraiment bénéfique aux élèves ? « Cette expérience sera vraiment positive si, après être venus voir ce qu'on fait, des spécialistes peu­vent apporter des réponses à ces questions » insiste Rémi Castérès. Dans chaque Académie, les chefs de projet se sont entourés d'une équipe de chercheurs et de spécialistes de l'éducation chargée d'accompagner dans leur démarche les écoles choisies. Ces équipes doivent, après l'inventaire des activités pédagogiques et éducatives proposées par les écoles, analyser en quoi elles favorisent ou non le développement de l'élève et ses apprentissages scolaires. « Jusqu'à maintenant, toutes les expériences sur les rythmes scolaires étaient évaluées par la simple mesure d'un indice de satisfaction. À l’INRP, nous voulons une véritable évaluation scientifique. Dans deux ans les enseignants devront savoir en quoi les activités qu'ils proposent aux élèves et le moment auquel ils les proposent influencent les résultats de ces élèves. »

Le but final est en effet de pouvoir déterminer quelques conseils et recommandations en matière d'organisation de la journée, et de faire partager à tous les expériences réussies de certaines écoles. « Il s'agit de mettre toutes les écoles en contact, en réseau ; de les faire communiquer », ajoute Jean-Luc Duret. En cette fin d'année, les écoles choisies pour participer à l'étude de l'INRP ont déjà reçu un livret d'accompagnement pour les aider à mieux comprendre ce qu'on attend d'elles, et recevront régulièrement d'autres documents de travail. Le gouvernement a également décidé d'aider à hauteur de 50 % au financement d'un équipe­ment multimédia pour ces 2 000 écoles, voulant ainsi faciliter la mise en réseau. « Il est vrai que pour l'instant il existe une réelle volonté d'avancer, conclut Rémi Castérès. Mais cette étude ne peut se faire que sur le long terme. Souhaitons que le suivi aura lieu et que nous n'aurons pas entamé cette expérience pour rien. » À Saint-Didier-sous-Riverie, on reste prudent.

Pascaline Citron

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