École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

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À l’école de la démocratie

L’École publique de Saint-Didier-sous-Riverie, en France, est actuellement le théâtre de l’apprentissage, au jour le jour, de la démocratie. Les règles qui y sont en vigueur proviennent uniquement des élèves. Vécue, avec quelques nuances dans les établissements scolaires africains, cette expérience originale pourrait bien avoir des effets positifs sur la formation à la citoyenneté dans de nombreux pays du continent.

 

Ce n’est pas encore la démocratie, au sens du droit constitutionnel, c’est-à-dire le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Mais ce qui se passe à l’École publique de Saint-Didier-sous-Riverie, petit village de 1 000 habitants situé dans la campagne lyonnaise, y ressemble beaucoup. Cet établissement fonctionne comme toutes les autres écoles de France avec, toutefois, quelques particularités. Les élèves édictent eux-mêmes les règles qui gouvernent leur vie au sein de l’école.

Le conseil de coopérative, une sorte de Parlement

L’École publique de Saint-Didier-sous-Riverie a 70 élèves. Ils sont répartis en trois cycles de la maternelle au Cours moyen deuxième année. Chaque semaine, chacun des trois cycles tient son conseil de coopérative. Il s’agit d’une réunion au cours de laquelle chaque élève soumet ses doléances ; les autres camarades les passent au crible, en même temps qu’ils examinent l’agenda de classe et bien d’autres questions inscrites à l’ordre du jour. Les débats se déroulent dans l’ordre. La maîtresse ou le maître donne la parole à qui veut la prendre. Les élèves discutent, proposent des solutions et procèdent au vote. La question entièrement épuisée est inscrite par le secrétaire au règlement. Ce règlement fait en quelque sorte office de constitution, de loi fondamentale du cycle. Sur les murs de chaque classe, des panneaux énoncent les règles en usage dans des domaines précis.

Des enfants citoyens

Tous les élèves sont tenus de respecter scrupuleusement les lois publiées. Ainsi apprennent-ils le respect des règles et le respect de l’autre, deux notions fondamentales pour la vie dans la Cité. Au bout du compte, la pédagogie vise à faire des élèves les citoyens de demain. Des citoyens qui ont une bonne maîtrise des principes démocratiques. Bien plus, elle permet aux enfants de s’exprimer. Les élèves parlent de ce qu’ils ont fait la veille. Ils peuvent même reprendre le maître lorsque ce dernier commet une erreur. Ils parlent énormément, pour dire ce qu’ils pensent, qu’ils ont aimé ou détesté telle ou telle chose. La parole est reine dans la petite école, mais tous les sujets ne sont pas des sujets à discussion comme le fait de descendre à la cave où il y a des outils et la chaudière. C’est interdit parce que c’est dangereux. Un point, c’est tout.

Comme les judokas, les élèves passent des « ceintures » de comportement de différentes couleurs qui marquent leur progression dans les responsabilités et les connaissances. Celui qui détient la ceinture blanche connaît le règlement de la classe et sait accomplir quelques petites tâches. La ceinture jaune autorise le détenteur à utiliser le bureau du directeur ou la salle polyvalente sans le maître. L’orange permet de rester dans la classe à la récréation. Les élèves doivent poser leur candidature pour ces passages. Ce système a également absorbé le cahier de notes. Une bonne note peut faire changer de couleur.

Démocratiser la vie au sein des écoles en Afrique

L’expérience de la petite école française est transposable dans d’autres pays, notamment sur le continent africain. Les élèves pourraient choisir librement les lois qui s’appliquent à eux, et s’exprimer en toute liberté. Ils se responsabiliseraient plus rapidement tout en intégrant les valeurs indispensables à la compréhension de la notion de démocratie.

De plus en plus nombreux sont des observateurs qui soutiennent que « si les règles de démocratie sont enseignées dès l’école primaire aux enfants, ces derniers pourront en faire usage de manière automatique, une fois devenus grands, c’est-à-dire dès qu’ils ont en charge la gestion des affaires du pays ». Dans plusieurs pays d’Afrique (Cameroun, Bénin, Burkina-Faso, Mali, Côte d’Ivoire) se tient une fois par an le Parlement des enfants ; les élèves des lycées et collèges se retrouvent au Palais de l’Assemblée nationale, discutent des questions qui les concernent, interpellent les membres du gouvernement. Comme le souligne Pierre, un enseignant camerounais : « Il suffit d’appliquer le même principe aux écoles primaires, et nous pourrons bien avoir à long terme le même résultat qu’à l’École publique de Saint-Didier-sous-Riverie. »

Gervais Nitcheu

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mercredi 02 juillet 2003