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École publique de Saint-Didier-sous-Riverie |
Pomme d'Api |
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Un
jour, l'enfant apprend à lire, l'année de CP souvent. Que devient alors son
rapport aux livres et à la lecture ? Pourquoi tant d'enfants perdent-ils, à ce
moment-la, le « goût » des livres ? Rémi Castérès, directeur d'une école
publique pas comme les autres, à Saint-Didier-sous-Riverie (69), explique ce
qu'il a mis en place pour donner soif aux plus grands d'écrit et de lecture. |
La lecture est un acte social « On n'a pas le désir de lire parce qu'on est bon lecteur. C'est exactement l'inverse : on devient bon lecteur parce qu'on a le désir de lire ! Je connais beaucoup de jeunes qui sont de bons lecteurs techniquement mais qui ne lisent pas. Ils ont appris à l'école la technique de la lecture, mais ils n'ont pas appris ce qui fait l'intérêt de la lecture. Pour eux, une clé de 12 ou un bouquin, c'est exactement pareil. Souvent, l'école transmet la technique de la lecture et non le goût de la lecture. Dans notre école, on se préoccupe de la technique en cycle 2 (Grande section, CP, CEI1). Mais avec les élèves de cycle 3 (CE2, CM1, CM2), l'idée majeure, c'est que la lecture et l'écriture deviennent des outils sociaux. Pour cela, nous travaillons beaucoup sur la correspondance scolaire : tous les enfants ont des correspondants, auxquels il faut bien écrire, et dont il faut bien lire les lettres quand ils répondent à leur tour. L'écrit, à travers ces échanges, prend sens. J'ai instauré aussi, pour le cycle 3, la présentation obligatoire d'un livre pendant l'année. L'enfant, qu'il soit lecteur ou non lecteur, présente un livre de son choix à la classe. Je sais qu'ils hésitent beaucoup pour savoir quel livre ils vont présenter, qu'ils testent l'effet de la lecture de différents passages sur leur famille ou sur leurs amis avant de se décider. J'ai entendu des enfants téléphoner un passage à leurs amis pour savoir s'il était bien choisi... Ce goût pour la lecture, je ne le conçois pas comme un acte individuel, mais comme un acte social. Ce n'est plus la lecture comme un outil, c'est la lecture pour inciter les autres à lire à leur tour. On tisse à travers cet exercice un lien très fort : donner envie aux autres d'un livre, le faire circuler, le prêter. Ce
qui m'intéresse, ce n'est pas que les élèves aient un « bagage culturel »
en sortant de l'école, mais qu'ils aient un intérêt pour la culture. Que tous
soient des lecteurs, mais des lecteurs désirant lire. Qu'ils sortent de
l'école en ayant les yeux qui pétillent s'ils voient un bouquin. » |
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