École publique de Saint-Didier-sous-Riverie |
Conte |
|
sommaire > réflexions | ||
Il
était une fois un jeune canard qui s’appelait P’tit Crack. Son nom
l’avait rendu assez vaniteux. Il se prenait réellement pour un grand
crack. Cependant, lorsqu’il atteignit sa deuxième année, un phénomène
étrange se produisit. Tous les mois, ses ailes se couvraient d’une écriture
et, lorsqu’elles étaient déployées, cela ressemblait à un journal.
Ce n’est pas étonnant, car le mot “canard” a un deuxième sens. Il
signifie journal en parler populaire. Les élèves se pressaient autour de
lui pour connaître les dernières nouvelles. Le canard P’tit Crack, très
imbu de lui-même comme je vous l’ai dit, pensait que le journal
lui était consacré, qu’on y racontait ses baignades dans la mare et
son futur mariage avec la plus jolie cane du coin-coin qui, elle, étant
modeste, portait un nom modeste, mademoiselle Crack Moyenne. Lorsqu’il
s’aperçut que le journal ne parlait pas du tout de lui, il alla
trouver, fort en colère, Rémi Castérès : «
Qui t’a autorisé à m’utiliser comme journal ? –
Je l’ignore. Mais que comptes-tu faire ? Réfléchis et reviens me voir
dans deux jours. » Deux
jours plus tard, le canard P’tit Crack dit : «
Je voudrais apprendre à lire, comme cela, on ne se moquera plus de moi. –
Ici, dans cette école, personne ne se moque de personne, répondit Rémi.
Mais, soit, va trouver Jacques Pichon, c’est lui qui est responsable
du cycle 2. » Ayant
exposé son problème à Jacques Pichon, celui-ci expliqua : «
C’est très simple. Pour que tu saches lire, il faut que tu montres que
tu es intelligent et que tu apprennes à lire à quelqu’un d’autre que
toi. –
Intelligent, je le suis, mais comment puis-je apprendre à lire et à écrire
à d’autres si je ne sais pas moi-même ? » C’est
alors que la jolie cane, mademoiselle Crack Moyenne, s’approcha de lui : «
Moi aussi, je veux apprendre à lire et je voudrais que tu sois mon
professeur. » Et
comme il aimait Crack Moyenne plus que tout au monde, sauf ses parents et
son petit frère, il se produisit un miracle : il s’aperçut qu’il
savait transmettre les secrets de la lecture et de l’écriture à sa
bien-aimée. Il avait donc appris. Jacques Pichon lui fit gentiment
remarquer : «
Tu vois comme c’est facile. Il suffit d’avoir autour de soi des
personnes qu’on aime et de vouloir leur montrer qu’on est digne d’être
aimé. » Corinne
Famelart et Marie-Odile Pupier dirent au canard combien elles étaient
heureuses des progrès ultra-rapides qu’il avait fait. Le canard P’tit
Crack, en guise de remerciements, écrivit alors sur ses ailes de
canard-journal, en se contorsionnant beaucoup et au risque d’attraper un
torticolis : « Vive le numéro 100 de P’tit Crack ! » |
||
sommaire > réflexions |