École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

Bilan d'activités

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Après chaque activité, je pose rituellement la question : « Qu'as-tu appris au cours de cette leçon de [...] ? Qu'as-tu à en dire ? »

Dans la vidéo ci-dessous, vous entendrez les réponses des élèves après une leçon de mathématiques. Les CE2 ont travaillé sur ordinateur en Logo, les CM1 sur la multiplication et les CM2 d'une façon autonome en numération-opérations.

 

 

 

Voici les règles de prise de parole :

•  tu peux t'exprimer mais tu n'y es pas obligé ;

•  tu ne seras pas interrompu ;

•  quand tu auras fini de parler, tu n'auras pas le droit de reprendre la parole.

Ces règles sont aussi valables pour moi, à la seule différence que je dois répondre aux questions directes et factuelles, du genre : « Est-ce que je pourrai montrer mon travail en Logo ? »

 

Quel intérêt y a-t-il à perdre cinq minutes pour parler après chaque leçon ? De même que pour la vérification de la compréhension des consignes, ce temps "perdu" en fera beaucoup gagner. Voici, sans classement par importance, quelques bonnes raisons.

1. Il s'agit d'un temps de transition matérielle. Soyons réalistes : dans n'importe quelle classe, on ne passe pas instantanément de la leçon de math à la leçon d'histoire. Il y a toujours un élève qui finit de copier, un autre qui a telle ou telle question, un autre encore qui n'a pas fini de ranger.

2. Il s'agit d'un temps de transition psychologique. S'exprimer au sujet de la leçon passée permet d'être plus disponible pour la leçon suivante. Ainsi, Alfred qui aura déclaré : « J'ai apprécié ce travail en grammaire mais j'ai été dérangé par Gustave qui me chatouillait » sera-t-il mieux prêt pour la suite que s'il n'avait rien pu dire ; en tout cas, il n'éprouvera plus le besoin d'exercer des représailles lors de la leçon suivante.

3. Il s'agit d'un moment pendant lequel l'élève est reconnu en tant que personne – il s'agit du "minimum de reconnaissance du Moi" cher à Jacques Lévine. Si je peux donner mon avis sur la leçon, exprimer ce que j'ai ressenti, c'est que j'existe, c'est que j'ai de l'importance. Or, on ne peut apprendre que parce qu'on se sent exister, parce qu'on a de l'importance.

4. Il s'agit d'un temps pendant lequel l'enfant réfléchit à sa manière d'apprendre, la compare à celle de ses camarades. Il augmente ainsi sa connaissance de lui-même et sa connaissance des autres.

5. Pour le maître, il s'agit d'un outil précieux de pilotage de la classe. Ce bilan me permet d'être informé de dysfonctionnements, comme par exemple Gustave qui chahutait alors que je ne m'étais rendu compte de rien. Il peut m'arriver pire : découvrir que ma leçon était complètement ratée et que ce qu'ont retenu les élèves est complètement erroné ! Bien sûr, je m'en serais aperçu au moment d'une évaluation sommative, mais cela nous fait gagner beaucoup de temps : je sais qu'il faudra reprendre cette leçon, et tout autrement, dès la prochaine fois.

Quelles sont les difficultés dans la mise en œuvre de ce bilan d'activité ? 

• Le principal écueil serait d'entamer une discussion interminable ou une reprise de la leçon. Le bilan est un temps d'expression, pas un temps de débat. Un élève ne doit pas être autorisé à reprendre la parole quand bien même il serait mis en cause par un autre.

• C'est au maître de donner l'exemple. Il s'abstient de commenter ce qui est dit, de corriger ce qui est faux. Ainsi, dans la vidéo présentée, Lise met en cause l'honnêteté du tirage au sort des élèves qui sont allés au tableau, sans me faire sortir de mon silence.

• Il n'est pas question de disputer Gustave qui chatouillait Alfred. Le risque serait qu'à l'avenir, les élèves se taisent ou que certains utilisent ce moment pour régler des comptes. Mais rien n'empêche de noter que, la prochaine fois, il faudra faire plus attention au comportement de Gustave.

• Ce n'est pas non plus le moment de corriger l'expression des élèves. On supportera sans broncher la litanie des « J'ai bien aimé... », « J'ai pas aimé... », « J'ai moyennement aimé... » quitte à préparer un travail en vocabulaire sur l'expression du ressenti.

Rémi Castérès

 

 


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samedi 26 janvier 2008