École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

Animal

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Accueillir un animal au cycle 1

Depuis l’an dernier, c’est dans un petit aquarium hexagonal d’une trentaine de litres, tapi dans un coin de la classe, que nous avons décidé d’accueillir deux jolis poissons rouges.

Leur arrivée s’est décidée collectivement, comme une fenêtre ouverte sur le monde environnant, comme un lien absolument nécessaire avec le vivant. Il fallait combler d’urgence le vide créé par l’absence de notre précédent animal, un beau lapin bélier tacheté de noir que les enfants avaient surnommé Lunette.

Celui-ci parti sous d’autres cieux – hébergé avec d’autres lapins durant l’été, les enfants, après leur visite rendue en début d’année, avaient décidé (à une courte majorité…) de le laisser vivre avec ses copains – que fallait-il faire ? N’accueillir aucun animal ou trouver un remplaçant à Lunette ? La réponse à cette question fut vite apportée…

 

Il s’est agi ensuite de déterminer le type d’animal qui viendrait remplacer notre lapin. À partir des propositions faites par les enfants, et pour éviter l’écueil d’une décision prise en levant le doigt – forme démocratique le plus souvent inadaptée à leur âge –, conformément aux pratiques de la classe, j’ai procédé ainsi :

• les enfants ont exprimé le choix de l’animal désiré ; j’ai alors noté toutes leurs suggestions même les plus farfelues : un lion, une girafe, un serpent, des oiseaux, un chien, un chat, un hamster, un cobaye, des poissons, un autre lapin… en exigeant qu’il ne soit fait aucun commentaire sur ces différentes propositions ;

• très rapidement, lors d’une autre séance de langage, j’ai présenté aux enfants, sur un même document, le dessin de chacun des animaux proposés en posant simplement la question suivante : « Voici les animaux que vous avez proposés pour notre classe. Qu’en pensez-vous ? » ;

• immédiatement, les enfants ont repéré les animaux « vraiment impossibles » ; mais la discussion fut plus âpre pour des animaux comme le chat ou le chien pour qui le caractère impossible ne sautait pas aux yeux de tous les enfants ;

• dans la discussion, j’ai alors indiqué que je serais obligé de m’opposer à l’adoption d’un animal qui ne serait pas en mesure de demeurer dans un endroit fermé qui le protégerait et l’empêcherait de fuir ; à partir de cet élément, les enfants ont eu plus de facilité à repérer les animaux « acceptables » ; ne sont alors restés dans la liste que des oiseaux, un chien, un chat, un hamster, un cobaye, des poissons et un autre lapin (à propos duquel certains enfants avaient relevé le caractère contradictoire..) ;

• j’ai donc barré sur mon document les animaux exclus ; à partir de cette situation, les enfants ont procédé comme au Quoi de neuf : ils ont désigné un par un l’animal qu’ils souhaitaient accueillir en classe.

C’est ainsi que Fred et Chocolat sont arrivés parmi nous. Ils évoluent actuellement dans un aquarium riche en plantes, avec un fond vertical en miroir qui renvoie leur image, donnant ainsi l’impression qu’ils sont beaucoup plus nombreux.

La présence d’un animal apporte à l’enfant bien autre chose qu’un lien fort avec le monde du vivant. Elle correspond en premier lieu au besoin inné de relation d’affection et de communication de l’enfant. C’est à travers lui que vont pouvoir s'énoncer et se réguler certains grands thèmes existentiels : la naissance, l'adoption, la différence des sexes, les relations sexuelles, l'agressivité, la mort et surtout le respect de la vie.

Dans cette perspective, sans doute n’est-il pas faux de penser que des poissons rouges dans un aquarium ne sont pas les mieux placés. Ils aident cependant les enfants qui les approchent à se détendre et leur transmettent le calme qui émane de leurs évolutions aquatiques. Dans ce registre, ils paraissent indiscutablement les plus utiles.

Paul Psaltopoulos

 


Discussion


 

 

 

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dimanche 07 septembre 2003