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École publique de Saint-Didier-sous-Riverie |
Orthographe : dictée sans stress |
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Ce que j'ai d'abord envie de transmettre à mes élèves quand j'enseigne l'orthographe, c'est à quoi elle est utile. Au cours des trois années du cycle, j'aborde à une ou deux reprises l'histoire de l'orthographe, en remontant aussi loin que l'écriture en boustrophédon, pour montrer que chaque facilitation pour le lecteur (toujours le même sens de lecture, séparation des mots, séparation des phrases, signes diacritiques, etc.) a rendu plus difficile le travail du scripteur. L'orthographe, au même titre que l'écriture ou la mise en page, est perçue comme une façon de mieux communiquer, comme une marque de respect pour les lecteurs, et non comme une manifestation de soumission à l'autorité ou comme un entraînement pour bien écrire un futur et hypothétique curriculum vitae. Dans
cette conception, l'attention portée à l'orthographe est variable selon la
destination des documents. Elle est faible lors du premier jet de la production
de textes, lors de recherches en problèmes ou en sciences. Elle est moyenne
lorsque les élèves mettent en commun et recopient leurs résumés en histoire.
Elle est élevée quand il faut recopier un texte au tableau, écrire aux
correspondants ou dans la "mémoire de la classe". En aucun cas, un
centrage excessif sur l'orthographe ne doit devenir contre-productif et
paralyser la production d'écrits. |
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5. Pendant une période de l'année, il y a une dictée hebdomadaire. Je choisis un texte court, dont la compréhension ne pose aucune difficulté, avec un vocabulaire simple, mais bourré d'accords. Pour cela, mon livre de prédilection est "Mon premier copain des bois". Par exemple, la dictée du 24 février 2004. Je lis le texte : "Pendant la promenade, tu vas ramasser plein de choses : un joli caillou, une pomme de pin, de la mousse, des glands… Alors, emporte un petit sac en plastique. Tu y mettras tes trésors et quand il sera plein, tu le videras dans ton sac à dos" puis je le dicte. Quand c'est fini, je laisse trois minutes aux élèves pour vérifier. Je n'interviens pas s'ils comparent leur dictée ou s'ils chuchotent – ce qui m'intéresse, c'est qu'ils se préoccupent de l'orthographe. Je leur demande de poser leur crayon et de prendre un stylo rouge ou vert pour la correction. J'écris au tableau : "Pendant la promenade," je souligne le P et je dis : « Si tu as écrit un P majuscule, que ce soit en cursive ou en lettre d'imprimerie, tu marques un point. Mets une barre dans la marge.» Je souligne le n de promenade et je dis : « Si tu as écrit un seul n à promenade, quelle que soit la façon dont est écrit le reste du mot, tu marques un point. Si tu avais mis deux n, cela s'entendrait "proménade" ou "promènade".» Je continue ainsi jusqu'à la fin de la dictée. Je pourrais demander aux élèves de dire eux-mêmes de quelle façon il aurait fallu écrire, mais ce serait trop long et lassant. Je préfère être magistral. Voici la dictée avec les points que pouvaient marquer les CE2 : "Pendant la promenade, tu vas ramasser plein de choses : un joli caillou, une pomme de pin, de la mousse, des glands… Alors, emporte un petit sac en plastique. Tu y mettras tes trésors et quand il sera plein, tu le videras dans ton sac à dos." Les CE2 ont une note sur 15. Je les laisse corriger leurs erreurs pendant que je continue avec les CM : « Si tu as écrit correctement la totalité du mot invariable "pendant", tu marques un point.» Voici les points que pouvaient marquer les CM : "Pendant la promenade, tu vas ramasser plein de choses : un joli caillou, une pomme de pin, de la mousse, des glands… Alors, emporte un petit sac en plastique. Tu y mettras tes trésors et quand il sera plein, tu le videras dans ton sac à dos." Les CM1 ont donc une note sur 25. Pendant
qu'ils corrigent, je poursuis avec les CM2 qui auront une note sur 30. |
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Par rapport à la dictée "traditionnelle", cette façon de procéder présente les avantages suivants : – il n'y a aucun stress chez les élèves qui adorent ces dictées ; – chacun des élèves fait son maximum parce qu'il sait qu'il n'a rien à perdre mais tout à gagner ; – je n'ai aucune correction fastidieuse à effectuer. Mon travail aura été le plus intéressant, celui de sélectionner un texte et de déterminer soigneusement ce qui relève de chaque cours. 6. Les élèves sont entraînés à utiliser le dictionnaire. Rémi
Castérès |
à lire aussi un
texte de Michel Masson sur l'orthographe dans P'tit
Crack n*179 |
Discussion |
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Je m'excuse
d'apporter une note critique dans l'ambiance dithyrambique des commentaires qui
sont publiés sur ce site que j'ai découvert à l'occasion d'un récent conflit
à propos d'une page plus que contestable... Je ne vois pas bien en
quoi la façon que tu proposes de faire la dictée révolutionne l'apprentissage
de l'orthographe. La seule question valable reste à mon sens : faut-il faire
des dictées pour enseigner l'orthographe ? Ce n'est pas la
première fois que je surprend des adeptes (j'en rajoute un peu là) de la
pédagogie Freinet (Peut être me trompe-je de chapelle !) en flagrant délit
d'à peu près didactique à propos de notre bon code scriptural. Comme quoi la
pédagogie la plus travaillée (et assurément la votre l'est beaucoup et bien
!) ne protège pas nécessairement de toutes les chausse-trapes. Au plaisir d'en débattre plus avant. Jean-Pierre S. Les Saillants du Gua (Isère) (21
octobre 2004) |
Votre mail m'a fait très plaisir ; c'est effectivement le premier qui soit plutôt critique. Nous ne nous revendiquons pas de la pédagogie Freinet mais nous reconnaissons quand nous lui sommes redevables. Nous ne suivons pas une idéologie mais nous savons qu'il existe des outils, des dispositifs, pour répondre à nos préoccupations. Nous les essayons sans a priori et nous les conservons, parfois en les modifiant, s'ils font leurs preuves. Si l'on devait nous mettre une étiquette, je préférerais celle de "pragmatiques"… Il en est ainsi de la dictée. Normalement, c'est un moyen, non d'apprentissage mais de vérification, que j'utilise moi aussi pour contrôler que mes élèves ont bien appris la liste des mots et expressions. Mais j'ai aussi transformé la dictée en moyen d'apprentissage, comme décrit ci-dessus. L'important , c'est que cela fonctionne. Nous acceptons de faire des erreurs. Elles sont intrinsèques à toutes recherches et à tout progrès. Il faudrait que vous précisiez dans quelle(s) chaussetrappe(s) nous sommes tombés. Rémi
Castérès |
Au
moment où je finis de lire cette page Internet, je me demande si on ne ment pas
à l'enfant (et aux parents) au final sur ses capacités réelles. Ne peut-il
pas arriver à obtenir un 15/20 alors qu'il y a 15 fautes sur les autres mots... ?
C'est assez grave à mon avis ! Cependant, si vous avez de bons résultats...
Cela vous permet de rassurer les enfants peut être. Et aussi surtout vous ? Le hic, c'est que cela
ne me donne pas envie de tester votre méthode ! Je ne veux pas
prendre de risque et, à vrai dire, je ne suis donc pas convaincu du
tout... Désolé. David R. (16
août 2005) |
Oui, un élève pourrait obtenir un 15/20 avec 15 “fautes” sur les autres mots — à condition de ne pas être en CM2 parce que, dans ce cas, ça ne serait pas possible, presque tous les mots étant évalués. Ce n’est pas grave parce que cette note est à destination exclusive de l’enfant. Je ne la relève pas, elle n’est pas communiquée aux parents. Elle permet juste à l’enfant de savoir s’il a progressé ou non (afin de faciliter les comparaisons, je traduis les notes sur /x en notes sur /10). L’essentiel, comme vous le dites, est d’obtenir de bons résultats (tout en restant dans le cadre d’un horaire normal !) Ceci dit, sur ce site, nous écrivons ce que nous faisons — nous avons beaucoup été sollicités pour cela — mais nous ne faisons aucun prosélytisme. Au contraire, nous sommes preneurs de toute autre démarche qui peut être testée. R.C. |
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