École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

Ce que je différencie... ou pas

sommaire > école > cycle 3

 

 

 

La question m'est souvent posée, ainsi qu'à mes collègues, de la difficulté qu'il y a à gérer une classe à plusieurs cours — en fait, nos interlocuteurs parlent toujours de "classe à plusieurs niveaux" comme s'il n'y avait par exemple qu'un niveau homogène dans un CE2 pur sucre...

Tout d'abord, je tiens à dire que je trouve beaucoup plus facile de gérer une classe à trois cours qu'une classe avec un cours unique, surtout en début d'année. Dans les deux cas, il faut accueillir de nouveaux élèves. Dans la classe à cours unique, l'enseignant doit se charger de tout. Dans la classe à cours multiples, une grande partie des tâches organisationnelles reposent sur les élèves plus anciens (qui adorent cela).

De toute façon, quelle que soit la classe, on ne peut faire de la même façon la même chose pour tous, sauf à abandonner un certain nombre d'élèves aux deux extrémités : ceux qui ont trop de difficultés et ceux qui sont trop brillants.

Voici comment je différencie ou pas selon les matières. Il ne s'agit évidemment pas d'un modèle à suivre mais d'un exemple de la façon dont cela peut se passer, concrètement, dans une classe.

 

 

 

 

 

1. Ce qui n'est pas différencié :

• Le "Quoi de neuf ?"

• La philosophie, le Conseil de coopérative.

• L'art, la musique.

• Le théâtre.

• Le sport.

• L'anglais.

• La science et la technologie (selon les années).

• Les ceintures de comportement.

2. Ce qui est fait ensemble, avec une différentiation partielle, sur les modalités ou les critères de réussite.

• Le concours de conjugaison. Les listes de conjugaisons sur lesquels les élèves peuvent être interrogés sont différentes.

• La lecture sélective. Les documents fournis et les questions sont identiques, mais les CE2 disposent de deux minutes, les CM1 d'une minute et demie et les CM2 d'une minute pour répondre à chaque question.

• Les modalités de la présentation d'un livre sont identiques mais les questionnaires sont différents.

• L'expression écrite. Les exigences orthographiques et les critères de publication varient.

• La communication orale. L'exigence est différente pour certains items, par exemple la longueur d'un texte récité.

• L'histoire. Le résumé final est écrit par les CM eux-mêmes, individuellement ou par deux. Je rédige pour les CE2 à partir des notes qu'ils ont prises après les leçons.

• Certains exercices de grammaire. En voici un exemple :

 

 

 

Chasse aux verbes (4)

seul(e).

Je travaille <

avec ...

 

Consignes

Colle cette fiche sur une feuille de classeur et continue les colonnes (avec ta règle).

Tu peux travailler seul(e) ou avec ton voisin (ta voisine).

Tu as le droit d'utiliser tous les outils disponibles dans la classe.

Applique-toi pour écrire.

Règle du jeu

Chaque réponse juste, avec l'orthographe correcte, donne un point.

Chaque réponse fausse — ce n'est pas un verbe — enlève un point.

Il y aura une médaille d'or, une d'argent et une de bronze pour chaque colonne.

 

verbes évoquant la cuisine

verbes évoquant le sport

verbes évoquant la maladie

saler

arbitrer

soigner

 

 

 

Les élèves disposent de vingt minutes. L'exercice est identique pour tous, mais je corrige indépendamment pour les trois cours (ce qui multiplie le nombre des médailles et donne à chacun la possibilité d'en gagner une — ces médailles sont totalement symboliques !)

• Il en est de même pour la chasse aux mots dans le dictionnaire.

• En orthographe, tous ont à connaître par c½ur une liste de mots et expressions numérotée à partir de 1 ; les CM en ont une numérotée à partir de 100 ; les CM2 une numérotée à partir de 200.

• La dictée est commune mais la correction est différenciée.

• La grille des ceintures de lecture est identique mais les épreuves sont différentes.

• La grille des épreuves d'expression écrite est identique mais les critères de réussite varient.
 

 

 

3. Ce qui est totalement différent.

• Il s'agit des ceintures de mathématiques, de conjugaison, de vocabulaire-orthographe, de grammaire.

• Les tables d'addition et de multiplication à mémoriser sont différentes.

• Les leçons de mathématiques sont différentes. Je ne travaille qu'avec un cours pendant que les autres ont des tâches autonomes. Mais un élève d'un autre cours peut "s'agglomérer" au groupe qui travaille avec moi s'il le souhaite et si cela peut lui être profitable.

• Les CE2 travaillent avec la version française de LOGO qui a été diffusée par l'Éducation nationale dans les années 90 (sous DOS). Les CM travaillent avec une version américaine, MSWLOGO (sous Windows).

• Il a y deux niveaux pour les recherches collectives en problèmes : le niveau difficile et le niveau très difficile.

• Certains exercices de grammaire sont différents, par exemple sur le sujet du verbe.

• Les conjugaisons à mémoriser sont différentes.

 

 

4. Ce qui est différent non pas selon le cours mais selon chaque enfant.

• Le travail individuel sur fichiers Freinet, en problèmes et numération-opérations.

• Le Travail Personnel, comme son nom l'indique...

 

 

Tout cela peut sembler complexe. Cela nécessite seulement d'être bien pensé pour fonctionner d'une façon quasi automatique.

Vous pouvez télécharger l'emploi du temps de ma classe (au format PDF).

Rémi Castérès

 

 

 


Discussion


Je suis actuellement en train de préparer le concours de professeur des écoles sur l'académie de Montpellier et je suis tombée sur votre sitre en cherchant des documents sur le conseil de coopérative. J'ai ensuite lu avec beaucoup d'intérêt de nombreuses pages concernant divers sujets. Si je vous écris ce mail, c 'est parce que j'ai téléchargé un emploi du temps que vous avez mis en ligne. Je n'ai que peu d'expérience dans l'éducation, seulement quelques semaines de stages à mon actif, mais j'ai pu constater qu'il y a une certaine latence entre ce que l'on prevoit de faire avec les élèves et ce qui est rééllement fait en fin de journée. Or votre emploi du temps est très précis, très détaillé, et je dois bien dire que le fait d'arriver à le respecter reste un mystère pour moi, en l'état actuel de ma pratique.

Quels sont "vos trucs" pour ne pas déborder, la gestion du temps étant une des choses qui m'interroge le plus pour mon futur métier ?

Laure

(9 juin 2006)

 

 

Je dois d'abord vous dire que ce que je vois dans la plupart des classes, ce sont des leçons trop longues. En général, ça commence bien, les élèves sont intéressés. Puis, ça dure. Souvent, toujours de la même manière. Progressivement, des élèves décrochent. Des objets tombent, on entend des chamailleries. Les incidents se multiplient. L'enseignant(e) hausse le ton. Ça se calme momentanément, puis ça repart vite... Quand la leçon se termine, tous les élèves en ont assez. L'enseignant(e) est désappointé(e) que ça n'ait pas marché et au final, ça laisse un gout amer.

Cela n'a rien de surprenant. La capacité d'attention des enfants – et des adultes, vous l'avez bien vécu pendant votre formation ! – est limitée. L'intérêt peut jouer, mais ce paramètre n'est pas indéfiniment extensible.

Aussi, j'ai décidé d'avoir des leçons d'une durée limitée. Mieux, je pars du principe qu'il vaut mieux arrêter avant que les élèves commencent à se lasser, afin qu'ils soient frustrés et attendent avec impatience la prochaine leçon !

Comment procéder ? Voici deux exemples.

1. La leçon magistrale. Je prépare la leçon d'histoire sans me soucier de sa durée. Au bout d'une vingtaine de minutes, je me préoccupe de m'interrompre à un moment fort. « Qui sont ces gens que Christophe Colomb a découverts ? Vous le saurez mardi prochain… Y a-t-il des questions ? » Puis je laisse cinq minutes aux élèves pour noter ce qu'ils ont retenu de cette leçon avant de passer au bilan. Ce que je n'aurai pas dit aujourd'hui, ça sera pour la prochaine fois !

2. Le travail de recherche. Les élèves doivent rechercher des verbes qui évoquent la vitesse, l'eau, un combat. Cela prend cinq à dix minutes pour mettre le travail en place, y compris la vérification de la compréhension des consignes. J'annonce : « Vous disposez maintenant de vingt minutes. C'est parti. » Je ne parle plus. Je note l'heure de fin au tableau, sous l'horloge, afin que les élèves aient un repère. Pour moi, je mets en route un chronomètre. Après dix-huit minutes, je dis : « Il vous reste deux minutes. » Puis : « C'est fini. Finissez d'écrire le mot en cours et rendez-moi votre feuille. »

J'espère que cela peut déjà vous aider. J'espère aussi avoir un jour le temps de développer à ce propos et donner d'autres exemples.

R.C.

 

sommaire > école > cycle 3

Page mise à jour le
mercredi 23 août 2006