École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

Bilan de la journée
au cycle 1

sommaire > école > cycle 1 - cahier de vie

 

Le bilan de la journée est un temps d’échange partagé entre les élèves qui trouve sa place en fin de journée, juste avant qu’ils ne retournent chez eux. Sa mise en place répond à des objectifs précis, correspondant à mes intentions pédagogiques, et dont voici le détail :

• Permettre aux élèves de réfléchir sur ce qu’ils ont appris ou découvert au cours de la journée écoulée. C’est à cette occasion que peut s’élaborer en eux la prise de conscience des acquis de la journée, de leur contenu, et du rôle tenu par l‘école dans la croissance de leur personne. Les enfants évitent ainsi une situation qui pourrait, en l’absence de bilan, les conduire à percevoir leur vécu d’école comme purement inéluctable, un simple fait d’adultes, dans lequel ils ne vivent ou ne découvrent rien de bien essentiel. Par ce biais, ils comprennent mieux en quoi venir à l‘école, c’est apprendre pour grandir.

• Donner la possibilité aux élèves de penser des choix et de les exprimer. Le bilan est en effet un temps de vie qui incite à l’échange et au partage des idées. Les enfants constatent lors du bilan que les priorités de chacun sont différentes. Ils apprennent également à cette occasion à se détacher progressivement du point de vue des autres et à exprimer un avis personnel et original.

• Créer des habitudes de réflexion réutilisables dans un autre contexte. L’un des intérêts de ce bilan, quand il parvient à être bien systématisé, c’est qu’il peut avoir valeur de modèle - peut-être inconscient encore à cet âge - pour d’autres situations de vie ou d’apprentissage, avec des répercussions possibles sur la croissance personnelle de chaque enfant.

• Permettre aux enfants d’acquérir des habitudes de raisonnement et de langage. Le temps du bilan obéit à une procédure codifiée qui propose un modèle de fonctionnement et un discours rigoureux (voir ci-dessous) que certains enfants parviennent, au cours de l’année, à se réapproprier.

• Constituer un support de la mémoire collective de la classe. Chaque bilan donne lieu à un écrit illustré, affiché en classe puis collé sur un cahier que chacun peut consulter à loisir tout au long de l’année. De cette façon, cette mesure du temps qui passe inscrit les enfants dans l’histoire événementielle de la classe qui participe à une structuration progressive de leur pensée.

• Concrétiser rituellement chaque fin de journée. Comme pour d’autres temps ritualisés de la journée - le Quoi de neuf du matin par exemple - les enfants ont besoin que soit marqués, comme d’utiles points de repère, les moments clés de la journée. Cette procédure participe à son tour au phénomène de structuration de la pensée.

 

Pour matérialiser ces intentions, j’ai donc été amené à mettre en place le cadre suivant :

• Au moment prévu, dans mon emploi du temps, pour le bilan de la journée, les enfants sont déjà rassemblés dans le coin-regroupement. J’annonce le temps du bilan en frappant trois fois dans les mains, puis je prononce la formule rituelle : « Nous passons au bilan de la journée. ».

• Le temps du bilan est divisé en deux parties : le bilan collectif et le bilan personnel. Cette procédure a l’avantage de bien différencier l’expression personnelle de la prise en compte des projets collectifs. Avant chaque bilan, je pose la question suivante au groupe : « Qui a l’intention d’intervenir ? » puis je rappelle au groupe les règles spécifiques en vigueur.

Les règles du bilan collectif sont les suivantes :

- on ne peut parler que d’un événement qui s’est passé au cours de la journée ;

- on ne peut parler que d’un événement qui a concerné tout le monde : la classe ou le groupe présent lors du bilan ;

- on ne peut reparler d’un événement qu’un autre enfant vient d’évoquer ;

- pour s’exprimer, on essaye de commencer sa phrase par : « Aujourd’hui, … »

• À la fin du bilan, je reprends l’intitulé des différents événements évoqués par le groupe. Puis, celui-ci vote à main levée pour désigner l’événement qui sera retenu comme le fait principal de la journée. Je ne participe au vote qu’en cas d’égalité des voix. J’écris ensuite sur une feuille (format A4) ce qui a été retenu, je le relis et je montre l’écrit correspondant au groupe. Enfin, je désigne, parmi les enfants volontaires, celui qui illustrera la feuille-bilan du jour. Il montrera son dessin à ses camarades en tentant d’en expliquer le sens, une fois l’illustration effectuée, et fixera la feuille sur le calendrier de la semaine dans l’espace correspondant au jour.

• Le vendredi, les élèves désignent la feuille-bilan qui symbolise d’après eux l’événement le plus important de la semaine. Elle sera photocopiée puis collée sur le cahier de vie qu’ils emporteront à la maison pendant le week-end. Ainsi, elle pourra constituer un support qui, tout en permettant la circulation de certains vécus de classe auprès des familles, favorisera la communication interfamiliale autour de l’école.

À la suite du bilan collectif, j’annonce le temps du bilan personnel. Les règles de fonctionnement en sont les suivantes :

- on ne peut parler que d’un événement qui s’est passé au cours de la journée ;

- on peut parler d’un événement qui ne concerne que soi-même ;

- on peut répéter ce qu’un autre enfant a déjà évoqué

- pour s’exprimer, on essaye d’utiliser les formules suivantes : « Aujourd’hui, ce qui m’a plu, c’est… » ou bien « Aujourd’hui, ce qui m’a déplu, c’est… »

• Le bilan collectif ne fait pas l’objet d’une trace collective écrite. Il est seulement l’occasion d’exprimer sa différence, sa singularité par rapport au ressenti groupal. Si ce dernier garde toute son importance, il ne gomme pas pour autant la réalité personnelle de chacun au sein du groupe.

• La circulation de la parole au cours du bilan correspond également aux règles suivantes :

- pour intervenir, il faut, comme d’ordinaire, le demander en levant le doigt ;

- la participation au bilan est bien sûr totalement libre, elle ne fait l’objet d’aucune obligation et n’entraîne aucune remarque ni intervention de ma part ; dans l’hypothèse (que je n’ai jamais connue) où aucun enfant ne désirerait intervenir, la seule conséquence serait l’absence du bilan écrit ;

- personne n’est autorisé à interrompre celui qui intervient, pas même un adulte ;

- l’intervention d’un élève ne donne pas lieu à une réponse ; il s’agit d’exprimer un point de vue, pas d’engager un débat ;

- le temps consacré au(x) bilan(s) est limité à dix minutes ; il est donc important d’être très rigoureux sur l’horaire imparti pour que le bilan ne soit pas bâclé et conserve toute sa valeur ;

- il peut arriver cependant que le nombre de participants soit très important ; dans ce cas, j’annonce au groupe que le bilan est trop court, et que par conséquent nous risquons de n’avoir pas le temps de passer au bilan personnel ; ce cas de figure arrive assez rarement au cours de l’année.

S’il parvient à respecter un fonctionnement précis et rigoureux, si le cadre proposé constitue un lieu réellement sécurisant où l’enfant a la certitude de pouvoir s’exprimer sans être moqué ou jugé par ses pairs ou par l’enseignant, le bilan de la journée constitue, dès le cycle 1, un temps dont les effets sont considérables. L’intérêt pour ce temps, régulièrement manifesté par les enfants, est à ce titre très révélateur de ce qu’il leur permet de s’affirmer et de construire du sens autour du vécu et des apprentissages de l’école.

Paul Psaltopoulos

à lire aussi

le cadre au cycle 1

le cahier de vie

 

  

sommaire > école > cycle 1 - cahier de vie

Page mise à jour le
mercredi 22 décembre 2004