École publique de Saint-Didier-sous-Riverie |
Cahier de vie |
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Le
cahier de vie est avant tout la mémoire de vie des enfants, à l’école et à
la maison. Comme il s’agit là de leur premier cahier, le plus régulièrement
rapporté à la maison, il se trouve chargé d’un affect tout particulier. Il
constitue le lien entre deux mondes, deux lieux de vie, renforçant leur sens
commun et, partant, celui de l’école. Son
importance touche en effet à un point qui est de l’ordre des premiers
rapports au savoir. Par cet outil, l’enfant apporte à la maison, pour la
première fois, un peu de ce qui fait la particularité de l’école : la
confrontation à un monde de culture spécifique mais incontournable dans sa réussite
future d’homme ou de femme. En
classe, le cahier de vie se construit essentiellement sur la base des bilans
de la journée effectués chaque soir avant la sortie, à partir du déroulement
suivant : ·
Le dernier jour
de la semaine, les feuilles du bilan des jours écoulés sont décrochées du
support où elles sont affichées pour être relues à l’ensemble de la classe.
C’est l’occasion de se remémorer les événements passés, de renforcer la
mémoire collective du groupe. ·
Les feuilles
sont ensuite disposées sur le sol, devant les enfants, bien visibles à tous.
Je pose alors la question rituelle : « Quel événement figurant
sur les feuilles bilan de la semaine voulez-vous choisir pour être collé votre
cahier de vie ? » À tour de rôle, les élèves viennent désigner
l’événement de leur choix parmi ceux de la semaine écoulée. Celui qui
recueillera le plus de voix sera alors collé dans le cahier de vie de chaque
enfant, en compagnie de la comptine de la semaine. Le cahier séjournera dans
les familles pendant le week-end. |
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Accessoirement,
le cahier de vie peut également faire l’objet, à l’école, des demandes
inopinées des enfants. Un événement particulier durant le temps de classe les
a marqués ? Ils peuvent alors souhaiter l’écrire sur leur cahier par
mon intermédiaire ou celui d’un autre adulte pour pouvoir ensuite l’évoquer
plus facilement à la maison. Dans les faits, cette possibilité est peu utilisée
par les enfants mais il est important tout de même qu’elle puisse exister et
qu’elle leur soit régulièrement rappelée. A
la maison, avec son cahier de vie, sollicité ou non par sa famille, l’enfant
pourra y coller ou y dessiner un événement de la vie de la maison. Mais il
n’y a là aucune obligation. La démarche doit être totalement libre et la
sollicitation ne doit pas se muer en obligation. En début d’année, lors de
la réunion d’information, l’importance de cet aspect est particulièrement
soulignée. De
retour en classe, le lundi matin, les cahiers sont lus à l’ensemble de la
classe suivant un dispositif désormais bien affûté : ·
Au moment prévu,
les enfants étant rassemblés autour du coin regroupement, je dépose les
cahiers revenus du week-end familial devant moi. ·
Un par un, je
les montre fermés à l’ensemble du groupe. Généralement, le prénom de
l’enfant propriétaire du cahier est reconnu par ses camarades. ·
J’ouvre
ensuite le cahier choisi à la page voulue. Il se peut que rien ne soit indiqué,
dessiné ou collé. Je m’abstiens alors de tout commentaire. Je me contente
d’indiquer : « Il n’y a rien d’écrit. » ·
Si le cahier a
été utilisé, je montre de façon bien visible à l’ensemble du groupe ce
qu’il contient. Cela peut faire l’objet de discrètes remarques admiratives
que je laisse s’exprimer mais que je ne pointe pas. Les réactions qui
pourraient être négatives ne s’expriment pas car elles sont contraires au règlement
de la classe dont l’un des objets est de garantir à tous un espace
d’expression hors menace. Ce
temps de lecture fait à la classe a réellement toute son importance. Il est même
possible d’affirmer qu’en son absence la force du dispositif en serait très
affectée. Les enfants sont en effet très motivés par ce temps de présentation,
qu’ils soient en situation de montrer leur cahier ou qu’ils soient en train
de regarder celui de leurs camarades. Dans le premier de cas de figure, il faut
voir la fierté qui les habite à exposer devant toute la classe un dessin,
un collage ou un simple petit mot. Et dans le second, le plaisir ressenti à la
découverte de ce que présentent leurs camarades n’est pas feint, loin de là.
Les exclamations d’admiration qui fusent, ça et là, sont fréquentes et
toujours sincères. Je
terminerai en précisant qu’en aucun cas, bien sûr, je ne me porte juge du
caractère de ce qui est présenté. Pareillement à ce qui prévaut pour le Quoi
de neuf, je ne "valide" pas, par un acquiescement ou une réprobation,
ce qui peut être présenté par un enfant. Tout au plus, je rappelle le cas échéant
– ce qui est rare – que le cahier de vie n’est pas un cahier de dessin et
que ce qui est présenté doit correspondre à un vécu particulier de la maison
(dans le cas contraire, le dessin est à présenter lors du Quoi de neuf).
C’est la condition absolue pour garantir à ce temps d’expression la force
qui lui permet de rendre, peu à peu, les enfants plus sûrs d’eux-mêmes et
du cadre qui les accueille. Paul
Psaltopoulos |
Le cahier de vie évoque tant l'école que la
maison. |
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