L'évaluation en Moyenne Section

	La passation des épreuves a lieu une fois par semaine, chaque lundi. Les élèves disposent à cet effet d’un classeur réunissant toutes les épreuves de l’année classées par catégories dans des pochettes en plastique transparentes. Chaque catégorie est symbolisée par une couleur distincte que l’on retrouve sous la représentation graphique de l’escalier. Au début de l’année, le système des évaluations est présenté au groupe dans son fonctionnement et son contenu. Je ne cherche pas alors à expliquer en détail, de manière exhaustive, le dispositif. Non seulement, cela n’aboutirait pas à un résultat probant mais qui plus est, les élèves ont besoin de temps pour s’approprier la procédure. J’insiste par contre régulièrement sur le fait qu’échouer n’est jamais définitif puisque l’épreuve peut être repassée jusqu’à la réussite finale.

	Le jour de l’évaluation, leur classeur en main, ils choisiront l’épreuve pour laquelle ils se sentent prêts ou qui les inspire sur le moment. Sans retirer l’épreuve de la pochette, ils viennent la présenter à Marie-Odile, l’Atsem de la classe, ou à moi-même pour que nous puissions expliciter le contenu de l’épreuve qui peut correspondre ou non à un domaine qui a été travaillé en classe. En fonction de l’explication donnée, ils décident alors de passer cette épreuve ou d’en choisir une autre. La passation des épreuves s’effectue sur des tables communes mais elle est strictement individuelle. Une fois passée, l’épreuve est corrigée immédiatement. L’enfant sait donc rapidement si son épreuve est réussie ou pas. Un peu plus tard, elle est placée dans son cahier d’évaluation. Les épreuves ne sont pas hiérarchisées. A chaque épreuve réussie, l’enfant colorie un rond dans la colonne correspondante, en commençant par le bas de l’escalier. Quand tous les ronds d’une même couleur dans les quatre domaines sont remplis, l’enfant reçoit devant toute la classe une ceinture de la couleur correspondante. Il peut ensuite s’il le désire apporter un commentaire sur l’obtention de sa ceinture. En règle générale, ses camarades l’applaudissent. Chaque remise du cahier (environ tous les 8 ou 15 jours) est l’occasion de faire le bilan sur les épreuves qui manquent pour obtenir telle ou telle ceinture. L’objectif poursuivi est seulement de sensibiliser l’enfant sur les domaines qu’il délaisse et qui peut expliquer parfois le fait qu’il n’obtienne pas de ceinture. Différent est l’objectif du bilan de fin de trimestre où le point est fait de façon individuelle. C’est alors l’occasion pour l’enfant d’indiquer son ressenti concernant la classe (vie quotidienne, apprentissages, évaluations). Lorsque c’est possible, je prends en compte ce qui est dit par l’enfant dans mon bilan de fin de période. Voici la liste des items utilisés dans cette évaluation :
	Vivre ensemble et communication • VEC 1 Je parle facilement aux enfants de la classe. • VEC 2 Je parle facilement aux adultes de la classe. • VEC 3 Je réponds aux questions d’un autre enfant de la classe. • VEC 4 Je réponds aux questions des adultes de la classe. • VEC 5 Je pose des questions aux enfants de la classe. • VEC 6 Je pose des questions aux adultes de la classe. • VEC 7 Je parle à la classe. • VEC 8 Je donne mon avis. • VEC 9 J’argumente, je défends mon point de vue. • VEC 10 J’enfile seul(e) les 2 manches de mon vêtement. • VEC 11 Je ferme seul(e) mes vêtements. • VEC 12 J’enfile seul(e) mes chaussures. • VEC 13 Je prends la responsabilité d’un métier. • VEC 14 Je sais si on est le matin ou l’après-midi. • VEC 15 Je me repère dans la semaine. • VEC 16 Je sais travailler en autonomie. Langage et lecture • LL 1 Je dis une comptine avec la classe. • LL 2 Je dis une comptine seul(e). • LL 3 Je nomme les couleurs. • LL 4 Je reconnais un livre qu’on m’a déjà lu. • LL 5 Je sais emprunter un livre seul(e). • LL 6 Je dicte la légende de mon dessin. • LL 7 Je dicte une histoire à partir d’un dessin ou d’une image. • LL 8 Je sais résumer une histoire que l’on m’a lue. • LL 9 Je reconnais mes initiales parmi d’autres. • LL 10 Je reconnais les initiales d’autres camarades. • LL 11 Je reconnais mon prénom en majuscule d’imprimerie parmi d’autres. • LL 12 Je reconnais 5 autres prénoms en majuscule d’imprimerie que le mien. • LL 13 Je connais au moins 5 lettres de l’alphabet. • LL 14 Je sais nommer deux systèmes graphiques différents. • LL 15 Je retrouve un mot parmi d’autres qui lui ressemblent. • LL 16 Je reconnais mon prénom en cursive parmi d’autres prénoms. • LL 17 Je reconnais 5 autres prénoms en cursive que le mien. • LL 18 J’identifie les unités de la langue écrite : lettres et mots. Graphisme et écriture • GE 1 Je tiens correctement mon crayon. • GE 2 Je colorie sans dépasser. • GE 3 Je colorie en délimitant des zones de couleurs différentes. • GE 4 Je dessine des objets ou des personnages que l’on reconnaît. • GE 5 Je trace différents graphismes. • GE 6 J’écris mon prénom en majuscules d’imprimerie avec un modèle. • GE 7 J’écris mon prénom en majuscules d’imprimerie sans modèle. • GE 8 Je recopie une phrase en majuscules d’imprimerie. • GE 9 J’écris en majuscules d’imprimerie sur une ligne. • GE 10 J’écris mon prénom en cursive avec un modèle. • GE 11 J’écris mon prénom en cursive sans modèle. • GE 12 Je recopie un mot dans deux écritures différentes. Mathématiques • M 1 Je trie par couleur. • M 2 Je trie par forme. • M 3 Je trie par forme et par couleur. • M 4 Je comprends « en haut, en bas ». • M 5 Je comprends « à l’intérieur, à l’extérieur ». • M 6 Je comprends « moins que, plus que ». • M 7 Je comprends « autant que » • M 8 Je comprends « à droite, à gauche ». • M 9 Je comprends « devant, derrière ». • M 10 Je comprends « ouvert, fermé ». • M 11 Je comprends « entre ». • M 12 Je sais prendre 1,2, 3 objets. • M 13 Je sais prendre 4, 5, 6 objets. • M 14 Je sais prendre 7, 8, 9 objets. • M 15 Je réussis un puzzle d’au moins 6 morceaux. • M 16 Je réussis un puzzle d’au moins 12 morceaux. • M 17 Je réussis un puzzle de plus de 12 morceaux. • M 18 J’ordonne du plus petit au plus grand. • M 19 J’ordonne du plus grand au plus petit. • M 20 Je reconnais et je nomme 3 figures géométriques. • M 21 Je sors d’un labyrinthe. • M 22 Je sais utiliser un tableau à double entrée. • M 23 Je reconstitue une histoire à partir d’images séquentielles. Total des items : 69 Paul Psaltopoulos	à lire aussi L'évaluation au cycle 2 L'évaluation au cycle 3

Discussion

Votre système d'évaluation semble très intéressant.
Une question me vient à l'esprit : sous quelle forme évaluez-vous les compétences orales ?

C. D.

(16 août 2005)

Je répondrai en faisant directement référence aux instructions officielles des programmes concernant l'évaluation du langage oral au cycle 1. Elles répondent de façon très précise à ce que je mets en place, complétées en cela par les épreuves d'évaluation :

« L'évaluation du langage oral est une chose particulièrement délicate. Elle repose sur une observation quotidienne. Il est utile à cet égard que l'enseignant tienne un journal de bord dans lequel il note, lorsqu'ils se produisent, les phénomènes marquants qui concernent les progrès ou les régressions de chaque élève. Les évaluations des apprentissages mis en œuvre viennent compléter ce dispositif et permettent de contrôler l'efficacité des actions engagées.
Des instruments d'évaluation plus précis (grilles d'observation ou épreuves de langage) sont à la disposition des enseignants. Ils concernent des étapes caractéristiques de l'évolution du langage de l'enfant (début de la dernière année d'école maternelle, début de cours préparatoire...). Ils permettent de prendre la mesure du travail fait et de celui qui reste à faire, et de mieux doser l'effort en direction de tel ou tel élève. En effet, les progrès en langage sont liés à de multiples facteurs, et l'hétérogénéité des classes reste la règle dans ce domaine. »

P.P.

Bravo, beau travail : les enfants et l'enseignant savent en permanence où ils en sont et connaissent ainsi leur objectif. Y a-t-il des enfants stigmatisés par leur manque d'obtention de ceintures ? Quel lien avec les évaluations du semestre ? En tous cas, merci de partager ainsi votre travail.

Magde, enseignante MS

Rabat, Maroc

(11 août 2005)

Les enfants ne sont pas "stigmatisés" quand ils n'obtiennent pas de ceintures. Ils ne ressentent pas de "blessures" qui les empêcheraient d'avancer mais au contraire un sentiment de manque qui les motivent fortement, soit d'emblée, soit à la suite des réussites, prononcées ou fugaces, qu'ils peuvent connaître. Quant aux évaluations du semestre, elles n'existent pas pour ce qui concerne les MS puisqu'elles sont remplacées par les épreuves d'évaluation hebdomadaires.

P.P.

Dans ma classe, PS MS GS CP, le moment préféré des élèves est immanquablement la remise de la ceinture d'un camarade, les jours où il y en a. Tous applaudissent et affichent des sourirent qui en disent long. La psychologue scolaire a assisté aujourd'hui à l'une de ces fameuses cérémonies et a été conquise. Mais, j'ai un problème : les PS réclament eux aussi leurs ceintures. Or je n'avais encore jamais envisagé de leur faire passer des épreuves, jusqu'à ce que la même psychologue me dise que les PS ont eux aussi besoin de cette reconnaissance à laquelle ils n'ont pour l'instant pas accès. Que dois je faire ? Créer un escalier, même tout petit, pour les PS ? Avec quelles compétences ? Je me pose des questions... Je ne peux pas les laisser comme çà. Ils pleurent parce qu'ils doivent attendre d'être en MS pour participer. Mais quand on a 3 ans, attendre autant... Rencontrez-vous aussi le même problème ? Quelles solutions avez-vous trouvées ?

Stéphanie F.

(7 mars 2006)

Mes élèves de Petite section (7 enfants) sont encore à mille lieux de cette éventualité : leur fréquentation est trop irrégulière et, pour la plupart d'entre eux, leur maturité actuelle les laisse vraiment à distance d'une telle proposition. En ce qui te concerne, j'ai par contre le sentiment, au vu de ta description, que l'instauration d'un escalier, identique pour tous mais avec des indications spécifiques à chaque section, pourrait tout à fait fonctionner. La situation que tu connais est même tout à fait extraordinaire !

En ce qui concerne les compétences, les programmes doivent constituer naturellement le socle sur lequel il faut s'appuyer pour déterminer ce qu'elles doivent être. La partition utilisée pour les Moyens (dans maclasse : Communication et Vivre ensemble, Langage et Lecture, Graphisme et Écriture, Mathématiques) me paraît convenir également à des élèves de Petite section.

P.P.

Je compte mettre en place votre système d'évaluation pour mes moyens (16 élèves dans une classe de 26 petits-moyens), il me parait nettement plus intéressant que le système "classique" dans lequel les enfants sont évalués pontuellement et sans tenir compte de leur rythme propre, plusieurs fois par an (et en plus il donne le droit à l'erreur). Mais je ne vois pas comment présenter simplement à mes élèves les différentes compétences évaluées pour chaque domaine ; l'année passée j'ai constitué un "cahier de progrès" avec mes moyens mais ils étaient un peu noyés dedans, et toutes les compétences ne sont pas faciles à illustrer simplement. Aussi je suis très curieuse de savoir sous quelle forme vous les présentez à vos élèves, et comment ils arrivent à "s'approprier" — terme à la mode mais qui me semble bien adapté ici ! — chacun leur propre cahier.

Françoise, une "vieille" nouvelle instit...

(11 septembre 2006)

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