École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

Les "ceintures"
au cycle 3 

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Les ceintures permettent d'évaluer les élèves du cycle 3 - il serait plus juste d'écrire qu'elles permettent aux élèves de s'évaluer.

De quoi s'agit-il ?

Les ceintures sont un ensemble d'épreuves qui concernent :

- les mathématiques ;

- la communication orale ;

- la lecture ;

- la production d'écrits ;

- la langue française ;

- l'histoire et la géographie ;

- les sciences expérimentales et la technologie ;

- le comportement.

Pour chacune de ces matières, les épreuves sont répertoriées dans un tableau dont les colonnes correspondent à des niveaux de difficulté croissants et sont symbolisées par des couleurs - blanche, jaune, orange, verte, bleue, marron et noire - et dont les lignes correspondent à de grands objectifs. Prenons l'exemple de la lecture :

 

  BLANCHE JAUNE ORANGE VERTE BLEUE MARRON NOIRE
REPÉRER Je  repère un mot donné dans une liste.
Je repère des mots donnés dans un texte.
J’identifie des mots avec des lettres tronquées.
J’identifie les mots absurdes dans un texte.
Je trouve des informations dans un programme.
Je trouve un numéro de téléphone dans l'annuaire.
Je trouve un objet correspondant à une description dans un catalogue.
COMPRENDRE Je sais qui écrit et pour qui.
Je sais quels personnages interviennent dans une histoire.
Je réponds correctement à des questions simples sur le sens d’un texte.
Je sais si une histoire est imaginaire ou si elle peut être réelle.
Je remets des phrases dans l'ordre chronologique.
Je réponds à des questions difficiles à l'aide de documents.
Je lis un texte complet et je suis capable d’en restituer les idées essentielles.
LIRE À HAUTE VOIX
Mes camarades comprennent ce que je leur lis.
Je lis un texte ou une poésie de mon choix sans bafouiller.
Je lis un texte en me faisant comprendre, sans bafouiller et en respectant la ponctuation.
Je lis un dialogue avec un (ou des) partenaire(s).
Je lis en regardant le public.
Je lis d'une façon expressive.
Je lis correctement un texte non préparé.

 

Au début de chaque ligne, on repère facilement les objectifs qui concernent le décodage, la compréhension et la lecture orale. 

Dès le début de l'année, chaque élève dispose des grilles qui lui permettent de savoir quels sont les objectifs poursuivis dans les différentes matières et quelles sont les tâches à accomplir.

Comment est-ce que ça se passe ?

Les élèves passent chaque jour des épreuves dans une matière donnée. Comme il y a huit disciplines concernées, il faut deux semaines pour un cycle complet d'épreuves.

Les élèves s'inscrivent la veille pour les épreuves du lendemain, pour une raison pratique : que j'ai le temps de préparer celles qui doivent l'être. Une grille d'inscription circule dans la classe. Les élèves s'inscrivent en marquant leurs initiales dans les cases appropriées. Il n'y a pas d'obligation. Au contraire, j'ai limité le nombre d'inscriptions à une par objectif (par ligne) - sinon, l'évaluation n'en finirait pas. Il n'est pas non plus nécessaire d'avoir réussi l'épreuve blanche qui précède pour passer une épreuve jaune. Pour un enfant, telle épreuve jaune peut être plus facile que telle épreuve blanche. Voici à quoi ressemble la grille d'inscription en lecture :

En fait, comme il y a trois cours, trois feuilles circulent. Les enfants s'inscrivent d'abord sur leur cahier d'essai, en utilisant leur classeur d'évaluations pour savoir ce qu'ils ont déjà réussi, ce qui leur manque et en quoi ça consiste.

 

  BLANCHE JAUNE ORANGE VERTE BLEUE MARRON NOIRE
REPÉRER              
COMPRENDRE              
LIRE À HAUTE VOIX              

 

Après qu'un élève ait rappelé les règles de passation des épreuves (on travaille seul ; pour tout problème, on s'adresse au maître), je distribue les épreuves écrites. En voici un exemple :

 

NOM : Prénom : Date :

LECTURE

objectif n°2 : comprendre

CM1 – épreuve bleue

Numérote les phrases dans l'ordre chronologique :
               

 

1. Il a tourné le volant dans un sens puis dans l'autre et il a dû desserrer le frein à main car la voiture s'est mise à rouler doucement d'abord puis de plus en plus vite....
2. Il m'a dit alors : "On va les remettre droites. Descends de la voiture et guide la manoeuvre pendant que je serai au volant".
3. Je ne voulais pas, j'avais peur que mon père revienne et voie que nous avions touché à sa voiture.
4. Mais Olivier ne m'a pas écouté.
5. Mon père avait garé sa voiture rue Jean Jaurès, en face du magasin "Clef de sol".
6. Nous avons discuté un petit moment puis nous avons commencé à trouver le temps long.
7. Olivier est descendu de voiture pour se dégourdir les jambes et il a remarqué que les roues de la voiture étaient tournées.
8. Olivier et moi étions assis dans la voiture et nous l'attendions.

Les épreuves de lecture orale sont passées à un autre moment de la journée.

Quand ils ont rendu leur travail, les élèves se mettent en "Travail personnel", ce qui amortit la différence entre ceux qui finissent tôt parce qu'ils passent peu d'épreuves et ceux qui ont besoin de plus de temps parce qu'ils en passent plus ou des plus difficiles.

Passation d'épreuves


Mise à jour du récapitulatif des épreuves de mathématiques


Mise à jour du récapitulatif d'ensemble

La correction

Je corrige les épreuves – il ne s'agit pas d'une autoévaluation. Les résultats possibles sont :

- réussi ;

- échoué ;

- presque.

Je n'ajoute pas de commentaires, je ne précise pas où sont les erreurs éventuelles.

Quand les élèves récupèrent leurs épreuves, ils colorient en jaune sur leur tableau des épreuves les cases correspondant aux épreuves réussies. Cela leur permet de savoir très vite où ils en sont.

Ceux qui le souhaitent me rendent une épreuve : cela signifie qu'ils demande de l'aide ou des explications concernant les erreurs commises.

Enfin, un tour de table permet à chacun de dire ce qu'il en pense, sa joie ou sa déception.

Il n'y a pas de correction collective des épreuves. Si plusieurs enfants demandent de l'aide sur le même sujet, un groupe de travail peut être mis en place pendant le "Travail personnel".

Il ne sert à rien de mémoriser la réponse à une épreuve parce que, la fois suivante, c'est un autre exercice qui sert de support.

Fanette a réussi toutes les épreuves vertes.

Que signifie "être ceinture blanche" ?

Les élèves utilisent couramment des expressions étranges aux oreilles des visiteurs, comme : « Je suis ceinture jaune de lecture. » Cela signifie simplement que celui qui parle a réussi toutes les épreuves blanches et toutes les épreuves jaunes en lecture.

Si un enfant dit : « Je suis ceinture blanche de la classe », cela veut dire qu'il a réussi toutes les épreuves blanches de toutes les disciplines (hormis le comportement qui a un statut à part). Une vraie ceinture lui est remise et il répond à trois questions, toujours les mêmes : « L'as-tu fait exprès ? », « Qu'est-ce qui a été le plus difficile ? », « Qu'as-tu fait pour réussir ? » avant d'avoir un entretien avec le reste de la classe.

Quels sont les avantages des ceintures ?

1. Ce sont les ceintures qui sont le plus souvent mentionnées quand on demande aux élèves ce qu'ils préfèrent au cycle 3. Pour une évaluation, ce n'est pas mal ! 

2. Chaque enfant se confronte à une difficulté à sa portée. Dans le domaine de l'évaluation, la différence entre les niveaux des élèves est réglée.

3. Pour le maître, la gestion de l'hétérogénéité est facilitée parce que ce sont les élèves eux-mêmes qui s'inscrivent.

4. À chaque passation d'épreuves, les élèves ajoutent de la valeur à ce qu'ils possèdent déjà. La crainte de perdre des points est remplacée par l'espoir de réussir.

5. Échouer une épreuve n'est pas vécu comme une sanction : il sera possible de recommencer à la passation suivante. Il est même possible de mieux se préparer.

6. Comme il faut avoir réussi toutes les épreuves pour obtenir une ceinture dans une matière, cela pousse les élèves à se concentrer sur leurs points faibles.

7. Les élèves apprennent à bien connaître leurs points faibles et leurs forces, puis à les gérer.

8. Les ceintures permettent une évaluation de l'expression orale et du comportement qui sont, malgré leur importance, oubliés par les évaluations classiques ou laissés à des appréciations totalement subjectives.

Début juillet : Adrien vient de parvenir à son objectif, obtenir LA ceinture marron.

 

Quels sont les inconvénients des ceintures ?

1. Lors de la mise en place, il faut apporter les explications nécessaires aux parents.

2. Certains parents tiennent absolument aux notes et au classement parce que ce qui les intéresse, c'est moins ce que leur enfant apprend que sa position par rapport aux autres dans la classe.

3. Pour l'enseignant, cela demande plus de travail et beaucoup de rigueur. Il y a un énorme effort à fournir au moment de la mise en place ou de l'actualisation quand les programmes officiels sont modifiés. Ensuite, la gestion demande du temps.

Rémi Castérès

à lire aussi

Les carnets scolaires au cycle 3

L'escalier des évaluations au cycle 2

L'évaluation au cycle 1

Votre avis

 


Discussion


J'ai un cycle 3 à Miremont (31), et je voudrais mettre certaines ceintures en place.

Où puis-je les trouver ?

Christophe L.

(23 août 2003)


Je ne sais pas. J'ai cherché sur Internet : différents sites donnent des explications sur les ceintures, avec des approches plus ou moins similaires. Mais il n'y a pas grand chose pour ce qui est des épreuves (comme l'exemple présenté sur cette page).

Je peux facilement vous envoyer les différentes grilles comme celle de lecture. Pour ce qui est des épreuves elles-mêmes, j'en ai conservé certaines depuis le début (1989). Beaucoup ont évolué avec l'expérience acquise et avec les nouveaux programmes (1995, 2002), ce qui fait qu'elles sont éparpillées sur divers supports (disquettes et cédéroms) et qu'il est difficile de s'y retrouver. Quand j'ai commencé à travailler avec les ceintures, je ne me posais pas la question de leur éventuelle diffusion (je ne savais même pas si ça fonctionnerait...)

R.C.

Bravo pour votre site ! Toutes les informations sont très très intéressantes. Nous avons l'intention avec certains collègues de notre école de mettre en place les ceintures. Petite question pratique cependant : comment avez-vous "fabriqué" les ceintures ? Je voulais utiliser des tissus découpés, des torchons, des bandanas... mais cela coûte assez cher. Pouvez-vous m'expliquer comment vous les avez fabriquées à moindre coût ?

Cyrille G.

(27 août 2003)


Au tout début, j'utilisais de vraies ceintures de judo coupées en deux. Puis j'ai demandé aux parents d'en fabriquer. Je ne sais pas comment ils s'y sont pris, mais j'en ai maintenant tout un stock, en tissu, avec des petits animaux brodés...

R.C.

Je travaille dans l'enseignement spécialisé en tant qu'enseignante éducatrice. Nous accueillons des enfants à troubles de la conduite et du comportement. Je trouve que certains outils éducatifs et pédagogiques que vous employez pourraient tout à fait être adaptés dans l'Institut de Rééducation où j'exerce. La mise en place du système des ceintures (que j'ai découvertes pour la première fois en visitant l'école de la Neuville) m'intéresse beaucoup.

Muriel T.

Courtefontaine (Jura)

(14 novembre 2003)


J'ai lu votre article sur le Monde de l'Éducation "Dans la classe qui abolit les notes" et je me suis régalée. J'aimerais moi aussi "en finir avec la tyrannie des notes". Pourrions-nous bénéficier de votre travail de "quinze années" (je crois) et voir comment vous avez élaborer vos tableaux de compétences s'il vous plaît ?

Nous travaillons avec les fichiers PEMF en maths et en français sur toute l'école (quatre classes de cycle 3) et j'avoue céder aux élèves et à leurs parents en mettant des notes (seulement aux tests réussis, les autres sont à recommencer) et comme je vise une classe de cycle 3, ce serait tout naturel de leur faire passer ces ceintures surtout qu'on a déjà mis les ceintures de comportement en place et que tout le monde a pu en ressentir les bienfaits !

Isabelle R.

Aujargues (Gard)

(27 décembre 2003)


J'ai élaboré les grilles en utilisant les programmes officiels, en partant de la compétence minimale pour le cours concerné (épreuve blanche) à celles qui sont normalement en cours d'acquisition en fin de cycle (épreuves marron et noire). J'ai passé du temps à vérifier la cohérence des différentes épreuves d'une même couleur et j'ai soumis mon travail à Roland Louis, de l'université de Sherbrooke (Canada) qui en a contrôlé la congruence et m'a fait procéder à quelques modifications.

C'est vrai qu'il est difficile d'abandonner les notes : c'est le seul point de repère pour beaucoup de parents. Il faut que cette perte soit compensée par un gain en informations, au moins pour ceux qui le désirent.

R.C.

L'année prochaine j'aimerais mettre en place dans ma classe le système des ceintures. Pourriez-vous m'envoyer vos grilles de compétences ? Si j'ai bien compris, il y a une grille par niveau. On est donc, par exemple, ceinture blanche en lecture et en CE2 ? Ou bien y a-t-il une grille pour le cycle entier ?
Pourquoi avoir différencié les items en français (lecture, orthographe, etc.) et pas en maths (géométrie, numération) ?

Alice L.

Ille et Vilaine

(16 juillet 2004)


En lecture, la communication orale et le comportement, la grille est la même pour tous. En lecture, ce qui change, c'est la difficulté. Par exemple, en lecture orale, les CE2 lisent trente secondes, les CM1 une minute, les CM2 deux minutes et le seuil de réussite ("J'ai compris ce qui a été lu", "Frédéric a lu sans trop cafouiller", etc.) est respectivement de 50 %, 66 % et 75 %. Ces temps et ces seuils ont été déterminés par l'expérience.

La différentiation en français et pas en math est arbitraire, ou plutôt liée aux programmes tels qu'ils étaient avant 1995. On pourrait imaginer d'autres découpages. Je réfléchis à une fusion grammaire et vocabulaire-orthographe qui libérerait une place pour des ceintures en histoire ou en sciences.

R.C.

J'ai expliqué aujourd'hui (deuxième jour de classe chez nous) aux élèves le principe des ceintures qui allaient être mises en place dans la classe. Des petits cris de joie et des murmures d'approbation ont accueilli ma déclaration. Je pense que c'est un bon début ! J'ai ensuite distribué les grilles en mathématiques et en grammaire (je ne voulais pas tout donner d'un coup, ça me paraissait beaucoup) et fait circuler des feuilles d'inscription pour ces deux matières pour lundi et mardi prochain. J'ai déjà un grand nombre de volontaires, et la plupart des gamins se sont inscrits pour plusieurs épreuves.

J'ai aussi commencé à noter sur une grille les débordements au niveau du comportement, en leur expliquant qu'il y avait aussi des ceintures de comportement. Je n'ai jamais eu un tel calme dans une classe !

Tout ça pour dire que c'est plutôt un bon début, d'autant plus que j'ai un élève de moins que prévu et que ça fait toujours plaisir d'avoir un peu plus de place dans la classe. 

Une petite question concernant les ceintures de lecture (je n'ai pas pris le temps de les faire, je les ferai au fur et à mesure des besoins) : quelle est en moyenne la longueur des textes utilisés pour les épreuves de l'objectif n°2 ?

Alice L.

(2 septembre 2004)


Moi non plus, je ne distribue pas toutes les grilles d'un seul coup.

La longueur des textes : cela dépend. Pour la ceinture blanche, je fournis une photocopie avec 3 documents différents (par exemple, une carte postale, un ticket de caisse, le mode d'emploi d'un médicament). Pour la ceinture jaune, il s'agit d'un conte bref, genre "les belles histoires de Pomme d'Api". Pour la ceinture orange, il s'agit d'un court document d'une page. Pour la ceinture verte, il s'agit de 3 à 5 textes qui tiennent sur une seule feuille 21x29,7.

R.C.

Après beaucoup de tâtonnements et quelques difficultés d’organisation, j’ai réussi à roder un peu le travail. J’ai fini par transformer les ceintures de comportement suite aux difficultés de gestion.

Pour le reste, j’ai tout respecté, le fond, la forme… J’ai simplement mis les maths toutes les semaines vu le nombre d’épreuves à passer.

Dans l’ensemble, je suis très contente de ce système, je m’y retrouve bien, la plupart des enfants aussi et globalement il est très représentatif de l’investissement des enfants dans leur travail – à défaut d’être représentatif de leurs compétences : certains enfants réussiraient une grande partie des épreuves s’ils voulaient bien se donner la peine de les passer.

Par contre, je n’ai pas assez insisté en félicitant les enfants à chaque fois qu’ils obtenaient une ceinture, du coup, la plupart n’essaient pas d’être "ceinture de la classe" et je n’ai encore aucune ceinture blanche complète alors que pour certains il ne manque que quelques épreuves par-ci par-là pour être ceinture orange.

Je suis épatée par la construction des grilles, souvent, on aborde une notion du programme, et je me rends compte après que les élèves les plus rapides en sont justement là dans leurs passages d’épreuves, notamment en maths.

La gestion au jour le jour des ceintures existantes est encore très lourde. Notamment, je n’ai pas trouvé d’autre solution, une fois les enfants inscrits que de leur préparer toutes leurs épreuves en notant les noms sur chaque épreuve pour que la distribution se passe rapidement et dans le calme.  Moyennant quoi, ça se passe très bien. Les parents semblent eux aussi très contents.

Alice L.

(3 février 2005)


Vous avez raison d’adapter et de transformer de façon à ce que l’outil vous convienne, le seul critère étant : est-ce que cela favorise la croissance à long terme des enfants ?

Je connais aussi ce problème des élèves qui ne réussissent pas des épreuves parce qu’ils ne se donnent pas la peine de les passer. Les félicitations aident beaucoup mais parfois ne suffisent encore pas — distribuez-vous de vraies ceintures, qui matérialisent la réussite ? Nos élèves y accordent beaucoup d’importance et les arborent fièrement toute la journée, voire plusieurs jours de suite.

Un autre moyen de motivation, extrêmement efficace, est l'élaboration des carnets scolaires, qui permet aux élèves de bien se situer et d'avoir envie de progresser.

R.C.

 

J'ai lu avec attention vos pages sur l'évaluation par les ceintures. Je suis enseignante en maternelle et j'en ai parlé avec des collègues des autres cycles, en leur expliquant ce qui me plaisait dans ce système (aller au rythme des enfants, savoir exactement où en est chaque élève, permettre aux élèves de prendre conscience de leurs points forts et de leurs difficultés, ...)

Ils semblaient intéressés par le système, mais une collègue m'a posée les questions suivantes :

"Comment s'en sortent les élèves qui ont suivi une scolarité entière au primaire avec ce système d'évaluation, lorsqu'ils arrivent au collège ? Ne sont ils pas perdus face à l'évaluation par les notes ? Arrivent-ils à repérer leurs progrès ? N'y a-t-il pas un trop gros décalage entre le primaire et le collège ?"

Je ne sais pas quoi lui répondre. Avez-vous des retours, des commentaires, des élèves ? Comment ressentent-ils le passage au collège et le changement de fonctionnement ?

J'attends avec impatiente votre réponse afin de poursuivre cette discussion qui fait bouger beaucoup de choses autour de moi.

Stéphanie F.

Aude

(4 mars 2005)


J'ai envoyé ces questions à mes élèves qui sont maintenant en sixième ou en cinquième. Leurs réponses sont publiées ci-dessous.

R.C.

 

Je n'ai pas été perdu quand j'ai été évaluée par des notes. Je trouve qu'il n'y a pas une grosse différence.

J'arrive à repérer mes progrès, qui sont fréquents, grâce à mes professeurs.

Barthélémy.

 

Je n'ai pas été perdue car je me suis vite adaptée. Quand j'étais encore à l'école, je regardais déjà les notes de Valentin et je me disais : « Si j'avais cette note, est-ce que je serais satisfaite ? » Ça m'a aidée à me situer ensuite.

En math, j'ai une courbe de notes. Dans les autres matières, les profs nous donnent leur avis, ce qui me permet de me repérer.

Je trouve ça plus amusant d'avoir connu différents systèmes d'évaluations. Quand on arrive au collège, c'est motivant car on découvre les contrôles, qu'on n'avait pas vraiment avant.

Je trouve ça dommage que beaucoup d'élèves, qui ont eu les notes à l'école primaire, pensent que nous ne faisions absolument rien à l'école.

Lise

 

Je n'ai pas été perdue et j'ai pu m'habituer assez rapidement. C'est sûr que ce n'était pas le même genre d'épreuves, alors que le sujet était pareil (il fallait un peu plus de précisions). Mais je n'ai pas eu de difficultés.

J'arrive facilement à repérer mes progrès, les épreuves que j'ai eues à l'école publique de Saint-Didier ont été comme des exercices préparatifs pour la classe prochaine et ça m'a plutôt aidée à progresser.

Noémie

 

Quand je suis arrivé au collège, j étais un peu perdu, notamment à cause des notes mais aussi au niveau des professeurs, mais je me suis très vite habitué au système. Aujourd'hui, je me suis très bien adapté.

Je repère très bien que j'ai fait des progrès mais cela ne veut pas dire que la méthode des ceintures n'apprend pas assez de choses pour réussir au collège.

Cette méthode a beaucoup d'avantages par rapport au niveau des enfants mais elle a aussi des inconvénients car ils n'ont pas tous les même ceintures, donc pas les même savoirs.

Gilles

 

Je sais que si j'ai en dessous de dix, pour moi, c'est échoué. Mais sinon, tout se passe bien. J'ai beaucoup de bonnes notes mais rarement des mauvaises.

Si mes notes augmentent, cela veut dire que j'ai progressé. Si elles baissent, cela veut dire que je n'ai pas appris ma leçon.

Sinon, tout ce passe bien. J'ai des très bons professeurs, surtout la professeur d'Anglais, qui est ma prof principale : Mme Moussiegt.

Océane

 

Il n'est pas si difficile que ça de passer des ceintures aux notes – le problème est surtout pour le travail. Le passage aux notes est motivant. On a envie de réussir. Le sentiment d'importance est plus grand.

Il est plus difficile de mesurer ses progrès avec les notes. Les ceintures sont acquises à jamais alors qu'un 16/20 se perd avec un 3/20, donc, si nous avons une mauvaise moyenne, nous ne pensons pas avoir progressé même si c'est le cas.

Valérian


Merci, Rémi, pour avoir répondu si vite à ma question. Je suis très touchée que vous en teniez compte et que vous demandiez directement à vos anciens élèves d'y répondre. Je suis très curieuse de lire leurs réponses.

Stéphanie F.

Aude

(5 mars 2005)


J'ai ingéré le plus gros de ce que tu m'avais envoyé. J'ai lu l'intégralité du site de l'école et j'ai relu les documents que tu m'avais transmis sur différents sujets comme les quatre intelligences. Je suis prêt (et positivement volontaire) pour rentrer dans l'action à la rentrée.

Il me reste cependant quelques questions :

1. Quelle est l'articulation entre les temps de passage des ceintures et les temps d'enseignement pour passer ces même ceintures ?

2. Combien de temps consacres-tu par jour au passage des ceintures ?

3. Présentes-tu systématiquement et préalablement un exercice d'entraînement ayant la même forme et la même consigne dans ton enseignement ?

4. Pour combien de passages de ceintures peut on s'inscrire dans une matière ?

5. A quel moment ont lieu les inscriptions ? La veille ?

6. Fais-tu la correction à chaud avec l'élève dans la mesure du possible ?

Bernard G.

Côtes d'Armor

(15 août 2005)

1. Les leçons sont découplées des ceintures. Je fais une leçon pour que les élèves apprennent quelque chose, sans me préoccuper des ceintures.

2. La passation des épreuves commence à 10 h 30, chaque jour. Elle est suivie de ce que j’appelle “temps de Travail personnel”, qu’on a retrouvé dans les programmes officiels sous le nom d’études dirigées. Cela laisse une heure pour les élèves qui ont à passer soit beaucoup d’épreuves, soit des épreuves très difficiles. Quand à ceux qui n’en passent pas, ils ne sont donc pas oisifs pour autant. La grande majorité des élèves, entre ces deux extrêmes, passe d’abord ses épreuves puis poursuit en Travail personnel.

3. Pour la même raison que mentionnée dans ma première réponse, il n’y a pas d’entraînement spécifique. Cela ne m’intéresse pas de préparer les élèves à réussir les épreuves, avec tout ce que cette réussite aurait d’artificiel.

4. Je limite le droit de s’inscrire à une épreuve par objectif. Cette restriction n’existe que pour des raisons pratiques, elle est basée sur mon expérience. À toi de voir.

5. Les inscriptions sont faites de façon à avoir le temps de préparer les épreuves écrites. Ainsi, ma remplaçante inscrit une semaine à l’avance, moi la veille.

6. Il n’y a de correction, à chaud ou à froid, que sur demande de l’élève. Ce qui m’est essentiel, ce n’est pas qu’ils réussissent des épreuves ou pas, c’est qu’ils aient, eux, la préoccupation de la réussite. Apprendre cela est le plus long, le plus difficile, et s’avère ensuite très efficace. D’ailleurs, beaucoup de parents ne comprenaient pas que je ne mette pas la pression pour que leur enfant “réussisse”. En réalité, je mets une pression beaucoup plus forte, puisque elle vient des enfants eux-mêmes. Les demandes d’aide sont traitées pendant le temps de Travail personnel.

R.C.

 

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samedi 30 septembre 2006