École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

Les métiers au cycle 1

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Dans une école voulue comme une "École des Quatre Langages", la classe est un lieu de vie autant qu’un espace de travail. L’idée d’une communauté vivante et agissante n’y est pas absente. Elle s’élabore à travers la mise en place d’un cadre favorisant la construction d’un Moi groupal étayant indispensable au développement interne des enfants et support vital des apprentissages.

Le fonctionnement d’une classe met rapidement à jour des besoins qui, non réglés, font obstacle au bon déroulement des projets collectifs ou personnels des membres de cette communauté. Que face aux écueils rencontrés, les enfants soient à même de faire émerger leurs propres solutions - quitte à devoir les modifier ensuite une fois confrontés à la réalité - est d’une extrême importance. Car c’est ainsi qu’ils parviendront :

a) à faire le lien entre ce qui est vécu et ce qui est mis en place ;

b) à saisir le sens du collectif : être au service du groupe pour le bien de chacun ;

c) à percevoir que tout le monde peut y trouver sa place, à son rythme, comme instance qui réfléchit : à lui-même, sur lui-même, aux autres et sur les autres.

Dès les premières semaines de l’année, la mise en œuvre d’un cadre élaboré avec les enfants a ainsi permis que se construisent et que vivent dans la classe les projets issus des besoins suivants :

- le fonctionnement du Quoi de neuf ;

- la redistribution des objets du Quoi de Neuf ;

- le comptage des enfants de la classe ;

- l’affichage du temps sur le tableau de la météo ;

- la gestion du calendrier du mois ;

- le rangement des ateliers autonomes du matin ;

- la distribution des goûters ;

- l’appel des responsables des goûters ;

- la conduite du rang lors des sorties à l’extérieur de l’école ;

- l’usage et le rangement des tricycles ;

- l’arrosage des plantes ;

- l’alimentation des poissons.

La distribution des goûters

 

Pour répondre aux nécessités engendrées par chacune de ces situations de vie ou d’apprentissage, chaque projet a donné lieu alors à un métier auquel s’est associé un responsable prêt à remplir cette fonction pour une durée hebdomadaire. Ainsi, à chaque début de semaine - en règle générale, le lundi - la distribution des métiers s’opère de la façon suivante :

• À la suite de l’accueil personnalisé des enfants et des rituels du matin, aux enfants regroupés, j’annonce solennellement : « Nous commençons la distribution des métiers. »

• Je prends alors la boîte des métiers où figurent l’ensemble des étiquettes des élèves de la classe bâties sur le modèle suivant :

• De cette boîte, je retire une étiquette prise au hasard que je montre au groupe en annonçant par exemple : « Victoria, es-tu d’accord pour distribuer les métiers de la semaine ? » Si Victoria n’est pas d’accord - ce cas de figure est rarissime - , je retire une autre étiquette et je fais la même proposition à un second enfant.

• Si Victoria est d’accord, elle vient se situer face au groupe. Je me place alors à l’extérieur du cercle des enfants.

• Victoria commence alors la distribution des métiers. De la boîte posée sur une chaise, elle saisit une étiquette au hasard, la présente au groupe et demande, par exemple, à celui qu’elle concerne : « Pierrot, quel métier veux-tu faire ? »

• Sur les tableaux des métiers situés derrière Victoria, Pierrot va alors désigner par le geste ou la parole - il y a exigence de la modalité en fonction de l’âge des enfants - le métier qu’il souhaite exercer au cours de la semaine.

• Victoria accroche alors l’étiquette de Pierrot sur la ligne du métier choisi par son camarade - un système de velcro en garantit la fixation - puis elle tire une à une, sur ce même mode, les étiquettes suivantes jusqu’à épuisement.

• Je clos ensuite la séquence par ces mots : « La distribution des métiers est terminée » à la suite de quoi, les enfants sont appelés à effectuer leur métier.

Autres précisions à apporter :

• Les étiquettes des enfants absents ou qui refusent d’exercer un métier, sont déposées sur la chaise à côté de la boîte.

• La boîte des métiers contient également l’étiquette de Marie-Odile - l’ATSEM de la classe - et la mienne. Les adultes faisant bien sûr partie intégrante de la communauté de la classe, les tâches qui concernent cette dernière les concernent donc tout autant. De plus, cette procédure renforce le sens du dispositif mis en place.

• Le tableau des métiers est donc évolutif : les responsables changent toutes les semaines, des métiers nouveaux peuvent apparaître ou être supprimés sur proposition des enfants (dans le cadre du Quoi de neuf ou du Conseil de classe).

• Certains métiers peuvent concerner plusieurs responsables chargés de l’effectuer. La distribution des goûters, par exemple, concerne quatre enfants.

• En fonction de l’âge des enfants, certains métiers peuvent nécessiter une aide qu’apporte alors un enfant plus grand ou l’un des adultes de la classe.

• Exceptionnellement, certains métiers peuvent ne pas être attribués aux enfants trop jeunes sur des bases clairement annoncées et justifiées au groupe. Actuellement, dans la classe, le métier "Responsables du rang" ne peut être attribué à la fois à deux enfants de 2-3 ans.

Le fonctionnent bien "huilé" du dispositif demande bien sûr un peu de temps. Il doit correspondre au rythme imposé par la classe pour qu’il ait du sens et que les enfants parviennent à se l’approprier. Il ne doit s’agir en aucune façon d’un fonctionnement asséné et plaqué. Ainsi, il ne doit donc pas être question d’associer la responsabilité d’un métier aux capacités opérationnelles des enfants. Les manquements à ces derniers - métier non fait ou "mal" fait - en ce qu’ils ont gêné le groupe-classe, sont justement, et seulement, l’occasion de relier les causes aux effets produits et ainsi d’offrir à chaque enfant la possibilité de trouver du sens dans la prise en charge des engagements pris au service du collectif.

À cette condition - et seulement à cette condition - ce dispositif remplira la fonction pour laquelle il a été pensé : être un outil au service d’une communauté d’êtres tout en favorisant la croissance et le développement personnel de chacun de ses membres.

Paul Psaltopoulos

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dimanche 26 juin 2005