École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

Le cadre

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Les ceintures de comportement

Le Conseil de coopérative

La grande inquiétude des futurs enseignants, c’est la discipline. Je les comprends : ils manquent de savoir-faire pour que les élèves travaillent en silence, ne s’insultent pas, ne se battent pas, rangent leurs affaires, marchent en rang sans danger, lèvent la main pour parler, respectent le travail des autres, travaillent en groupes dans un bruit supportable… Et j’en oublie…

Si rien n’a été pensé avant la prise en main d’une classe, les difficultés se font vite ressentir. Face aux débordements, l’enseignant débutant met en place des solutions d’urgence qui répondent dans l’instant à la situation : punitions, cris, exclusions, etc. Il est bien évident que la situation ne fait qu’empirer dans ces conditions.

Je veux voir les choses autrement : la croissance de l’enfant ne peut être favorisée que dans un cadre sécurisant et clair. C’est sur la mise en place de celui-ci que je construis ma réflexion. C’est à partir de ce travail que se résolvent les problèmes de gestion d’une classe.

 

Avant tout, voici les points importants auxquels je tiens :

• Mon objectif est la croissance de chacun des élèves. Cette croissance passe par les apprentissages bien sûr, mais aussi par un comportement de plus en plus maîtrisé, par la conscience de l’autre, par la prise en charge commune de la classe et surtout par le désir de grandir. Ils doivent avoir le projet de progresser dans les apprentissages comme dans le comportement. Je dois susciter ces deux désirs.

• Le cadre doit être au-dessus de nous et je veux me contenter d’appliquer la loi, le plus objectivement possible. Pour cela, je dois mettre de côté toute émotion quand je sanctionne un élève. Il doit ressentir que cela n’est pas dirigé contre lui, mais que c’est la loi, et qu’elle est la même pour tous, du plus « sage » au plus agité. Ce cadre doit être permanent, même si c’est un autre enseignant qui fait classe.

• Je veux que les enfants connaissent clairement les limites, qu’ils sachent ce qu’ils ont le droit de faire ou pas, que ceci soit mis en mots et compris de chacun.

• Certains points ne sont pas discutables, et sont de l’ordre du « C’est comme ça ». Par exemple, on ne va pas discuter sur le droit ou non de faire mal à l’autre. C’est un interdit universel qu’il est nécessaire de rappeler, mais qui ne se négocie pas. Il faut le dire fortement, fermement et solennellement.

• L’école ne doit pas être uniquement le lieu des interdits. Si les élèves ne sont confrontés qu’à cela, ils essayeront à tout prix de les transgresser. Les interdits doivent être justes, et pour cela il faut faire preuve de bon sens. Il ne faut pas les multiplier inutilement. L’école doit être le lieu d’émergence de la loi.

• Si les élèves s’approprient leur classe, s’ils ont le pouvoir d’en faire changer le fonctionnement, ils en deviennent les parents ; ils ont le souhait de la faire grandir et se mettent en alliance avec l’enseignant. Et le rapport n’est plus du tout le même : c’est le projet de chacun que le cadre soit respecté.

• Il faut clairement définir la différence entre le négociable et le non négociable : le négociable est de l’ordre de ce qui dérange les élèves et qu’ils souhaitent modifier. Le non négociable comprend les interdits fondamentaux, mais aussi ce qui, selon l’enseignant, gène les apprentissages ou met les élèves en danger. Le négociable se discute avec les élèves. Le non négociable est dit par le maître et les élèves n’ont aucun pouvoir pour le faire changer.

• Lorsqu’il y a des sanctions, elles doivent être immédiates. Si on prend l’habitude de le prévenir, l’élève sait qu’il peut essayer de déborder du cadre sans crainte. Pour qu’un système de sanction fonctionne, quel qu’il soit, il doit être immédiat. Ceci est particulièrement difficile pour les débutants. Il ne faut pas souhaiter être gentil, ou vouloir faire plaisir aux enfants. Il faut être cadrant, et pour cela, il faut appliquer les sanctions pour chaque débordement, sans émotion.

• Les droits doivent être de vrais droits, qui ont de la valeur, donnent du pouvoir. Ils doivent être en relation étroite avec les devoirs.

• Il faut éviter de traiter les problèmes à chaud. Lorsqu’un enfant est en colère, il vaut différer la plainte (sauf si c’est urgent, bien sûr) et en parler dans un cadre réservé à cet effet.

• A l’école, les enfants doivent se sentir en sécurité, dans un espace hors-menace, tel que le décrit Jacques Lévine. Pour cela, il est de notre devoir de leur garantir une sécurité psychologique. Ils ne doivent pas se sentir en danger.

Voici les dispositifs utilisés dans ma classe.

Les ceintures de comportement

Le principe est le suivant : il existe une échelle graduelle des devoirs de l’élève. Chaque devoir respecté donne un droit et un seul, en relation directe avec le devoir qui lui correspond. C’est une logique de confiance.

Voici la grille pour cette année :

 

Ceinture blanche

Ceinture orange

Ceinture bleue

Ceinture noire

Je range mes affaires et je prends soin du matériel collectif.

DONC

Je me déplace en rang en toute sécurité.

DONC

Je respecte le règlement de la classe.

DONC

Je ne dérange pas les autres.

DONC

J’ai le droit d’utiliser le matériel collectif sans autorisation.

J'ai le droit de conduire le rang.

J'ai le droit de sortir de la classe sans autorisation.

J'ai le droit de rester en classe sans adulte et de travailler en dehors de la classe.

 

Pour avoir la ceinture blanche, il faut ranger ses affaires et prendre soin du matériel collectif pendant une semaine. Si une seule fois on ne le fait pas, on n’obtient pas la ceinture blanche. Pour obtenir la ceinture orange, il faut avoir la blanche, et ainsi de suite.

Je possède une grille sur laquelle je note d’un trait le non rangement, le bavardage, etc. Elle se présente ainsi :

 

  Ceinture blanche Ceinture orange Ceinture bleue Ceinture noire
N'a pas rangé ses affaires
N'a pas pris soin du matériel
Ne s'est pas déplacé en rang en toute sécurité
N'a pas respecté le règlement de la classe
A dérangé les autres
Pierre          
Camille          
Margaux          
Théo          

 

À la fin de chaque semaine, j’informe chaque élève du nombre de traits qu’il a eu dans chaque colonne. Je lui dis également quelle ceinture de comportement il a obtenue, et quels sont ses droits. Cela se fait publiquement et les possesseurs d’une ceinture sont applaudis.

Ensuite a lieu un bilan au cours du quel chacun peut s’exprimer sur son comportement, dire s’il est satisfait ou pas, s’il progresse, ce qu’il souhaite améliorer, ce qui est difficile…

Ces ceintures de comportement sont présentées à la classe en début d’année. Je leur en présente le fonctionnement comme un cadre qui ne se négocie pas. On a le droit de décider de bavarder toute l’année, et par conséquent ne jamais obtenir la ceinture orange, mais on ne peut pas décider que dans cette classe on a le droit de bavarder.

Pour faire la différence avec le système d’évaluation par les ceintures, j’explique que ce n’est pas une vraie ceinture qu’on garde autour de la taille, mais une ceinture qu’on a dans la tête, et qu’on peut perdre chaque semaine.

Le Conseil de coopérative

Il est inscrit explicitement dans les programmes de 2002 :

« Dès que cela lui paraît possible, le maître fait élaborer collectivement les règles de vie de la classe. Il fait découvrir les conditions de réussite d’un débat et fait accepter la discipline que chacun doit s’imposer. Une heure par quinzaine doit y être consacrée afin de montrer le sérieux et l’importance de cette démarche. »

Je ne reviendrai pas sur les conditions de réussite de ce débat citoyen : elles sont décrites dans la page Pédagogie du débat.

Le Conseil de coopérative est hebdomadaire et dure entre 25 et 35 minutes ; il a plusieurs fonctions :

• élaborer des projets ;

• voter le règlement de la classe ;

• régler les problèmes.

Contrairement à ce qui se pratique au cycle 3, je suis la présidente du Conseil pendant toute l’année. Il n’est pas concevable, selon moi, de donner ce rôle à des élèves de cycle 2. J’établis l’ordre du jour et je régule les prises de parole.

Dans la classe est disposée une boîte à chaussures, appelée la boîte de coopérative. Lorsqu’un enfant a quelque chose à proposer à la classe, ou une plainte à formuler, il écrit un mot, le signe et le met dans cette boîte. Les non lecteurs dictent leur mot à un plus grand, à leurs parents, ou encore à moi.

Le jour du Conseil (le lundi cette année), un secrétaire de séance est choisi parmi les volontaires. L’ordre du jour est lu par le secrétaire de la semaine précédente. Il lit ensuite le compte-rendu du Conseil précédent et, pour chaque point, on peut intervenir pour dire si les décisions ont été respectées ou pas.

Voici pour exemple le dernier compte-rendu :

Conseil du 5 avril 2004

Secrétaire : Marouchka

• Naïs arrête de suivre Séverine.

• Nils change de place avec Pao.

• Thomas vérifie l’état des livres qu’il prête à la classe.

• Corinne et Perrine remplissent les pots de colle toutes les semaines.

• On déplace le bureau d’Étienne.

Ensuite, le secrétaire de la semaine précédente lit les mots de la boîte, l’un après l’autre. L’auteur de chaque mot explique pourquoi il tient à en discuter en Conseil. Une discussion est organisée, de manière très cadrée (voir Pédagogie du débat), puis j’annonce : « La discussion est terminée. Quelles sont les propositions ? » A partir de ce moment, on ne peut plus discuter, et j’écris les propositions au tableau. Elles sont ensuite soumises au vote. La décision prise est écrite sur le cahier de coopérative par le secrétaire.

Ce cahier est disponible en permanence dans la classe. Chaque compte-rendu y est écrit, puis tapé à l’ordinateur pour des raisons de commodité de lecture à cet âge. Chacun peut le consulter quand il le souhaite. Chacun est responsable de l’application effective des décisions prises en Conseil.

Le premier Conseil de l’année comprend un point important à l’ordre du jour : l’élaboration du règlement de la classe. Le point n°1 de ce règlement est décidé par moi et n’est pas négociable : NE PAS FAIRE MAL.

Les autres points sont décidés par les élèves. Ce règlement évolue au cours de l’année. On peut ajouter, supprimer, transformer des points.

Voici un exemple de règlement du cycle 2 :

Règlement de la classe

1. Ne pas faire mal

2. Ne pas dire de gros mots

3. Ne pas se bagarrer

4. Ne pas cracher sur les autres

5. Ne pas ouvrir les portes des toilettes quand il y a quelqu’un. Frapper avant d’ouvrir

6. Ne pas forcer les gens à faire ce qu’ils ne veulent pas

Si on ne respecte pas le règlement, on va s’asseoir 3 minutes.

Ce règlement est affiché dans la classe afin que chacun puisse s’y référer.

La clarté des consignes

Je veille à ce que les élèves sachent clairement quelles sont mes attentes. Je ne veux pas que ce soit de l’ordre du non-dit, de l’implicite, que les enfants s’adaptent intuitivement, se coulent ou pas dans le moule induit par l’enseignant.

Par exemple, quand je veux que les élèves soient silencieux et à l’écoute, je frappe dans les mains… Mais pas n’importe comment : je frappe lentement, de manière sonore et solennelle, deux fois pour prévenir qu’il faut se préparer. Puis, au bout de quelques secondes, je frappe trois fois, de le même manière. Et là, je n’accepte plus aucun bruit. Si un enfant bavarde ou dérange, je coche un trait dans la grille de comportement.

Ce sont les élèves qui m'ont demandé que les trois frappés de mains soient précédés de deux coups, afin de les prévenir. Cette demande a été acceptée et fait désormais partie du fonctionnement de toute l'école.

Les consignes de travail doivent être claires afin que les élèves sachent ce qu'ils ont à faire, ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Avant tout travail autonome, je dis : « Vous pouvez travailler seuls ou à deux. »

Ou bien : « À partir de maintenant, vous chuchotez. »

Ou encore, pendant les épreuves : « Vous n'avez pas le droit de parler, ni de regarder sur les autres, ni de vous aider. »

Ainsi, ils connaissent les conditions du travail entrepris, ils ne sont pas pris par surprise.

Les effets de ce fonctionnement

Prenons une situation concrète : Clémence vient se plaindre dans la cour de récréation que Cécile l'embête. Je lui pose la question : « Est-ce dans le règlement ? » Elle répond négativement, et donc je signale que je ne peux rien faire. Je lui rappelle qu'elle a la possibilité de mettre un mot dans la boîte. Elle le fait ou pas, c'est elle qui décide. Si elle met un mot, ce sujet sera débattu au Conseil suivant, et la classe prendra une décision si nécessaire. Il sera même possible d'ajouter ce point au règlement de la classe. Si elle ne le fait pas, c'est sans doute que ce fait n'était finalement pas si important que cela pour Clémence, et que le fait de me le dire lui a suffi.

Une autre situation maintenant : Clémence vient se plaindre dans la cour que Cécile lui a fait mal. Comme ce point est dans le règlement de la classe, j'appelle Cécile. Je lui demande si elle a fait mal à Clémence. Si elle répond par l'affirmative, elle va s'asseoir pendant trois minutes. Si elle nie, je demande à Clémence s'il y a un témoin. S'il n'y a pas de témoin, j'explique à Clémence que je n'ai pas de preuve, et par conséquent Cécile ne va pas s'asseoir trois minutes. Si par contre, un témoin affirme que Cécile a fait mal à Clémence, Cécile va s'asseoir pendant trois minutes.

Tout cela peut sembler bien compliqué, mais c'est une organisation relativement juste et claire pour les élèves.

Le fait de différer la réponse à un acte permet de traiter les sujets à froid. La colère est retombée, et on peut en débattre plus sereinement.

D'autre part, les élèves savent que je me réfère au règlement et à lui seul. Ce n'est pas mon humeur qui induit les réponses aux actes des élèves, c'est un règlement élaboré par le collectif et connu de tous.

Le cadre est au-dessus de nous. Je ne fais que l'appliquer.

Avec une telle loi dans la classe, je ne crie pratiquement jamais. Je ne suis sans doute pas à l'abri d'un mouvement de colère, mais c'est exceptionnel. C'est inutile. Je ne tiens pas compte de mes émotions, mais du cadre qui régit le collectif.

Je ne parlerai pas des punitions. Qui a décidé un beau jour qu’il fallait donner des lignes à copier pour que le comportement des élèves s’améliore ? Je n’en ai jamais donné une seule. Cela ne fait pas partie de la loi de la classe, donc il n’y a aucune raison pour que j’en donne. Et j’imagine combien l’enfant qui a du mal à entrer dans le plaisir d’écrire doit progresser grâce à ces punitions…

Ce fonctionnement demande beaucoup de rigueur : il faut pouvoir observer les élèves et par conséquent savoir se taire et se mettre en retrait. Il ne faut pas hésiter à mettre des traits sur la grille de comportement, même s’il y en a énormément.

Je prends à nouveau un exemple :

Simon a bavardé 23 fois cette semaine. Je le lui annonce au moment de la remise des ceintures de comportement. Il est très déçu, peut-être même en colère. Il dit au bilan combien il est mécontent. La semaine suivante, il a bavardé 8 fois. Il n’obtient toujours pas la ceinture orange de comportement, mais ce qu’il exprime au bilan n’est pas de la déception, mais le plaisir d’avoir progressé en bavardant moins. C’est parce que j’ai noté chaque bavardage avec rigueur qu’il peut s’apercevoir de ses progrès.

Et je ne trouve aucune excuse à un élève pour ne pas noter son manquement à la règle. Lucile, par exemple, a souvent la tête ailleurs et chantonne toute seule quand j’ai frappé trois fois dans les mains. Je lui mets un trait. Elle est consternée, elle n’a pas fait exprès, et je la crois. Mais c’est ce trait que va lui permettre de progresser et de faire des efforts pour être plus à l’écoute dans les temps collectifs. Donc ce trait est un moyen de l’aider à grandir. Si je l’excuse et, me disant que ce n’est pas de sa faute, je ne lui mets pas de trait, elle n’aura aucune raison de faire des efforts pour entendre le frappé de mains.

Pour conclure, j’observe que le comportement de chacun des élèves progresse. Entre la grande section et le CE1, il y a un grand changement. Les enfants apprennent à ranger leurs affaires, à moins déranger la classe. Certains rares élèves sont déjà capables de respecter la loi dès la grande section. Mais ils sont l’exception. Pour tous les autres, c’est quelque chose qui se travaille, qui évolue, avec parfois des régressions, mais globalement dans une courbe ascendante.

Ce cadre extrêmement rigoureux donne du pouvoir aux élèves. Ils ont le droit à la parole, ils ont le pouvoir de faire évoluer le fonctionnement de leur classe, ils acquièrent de vrais droits et s’en servent. Je pense très sincèrement qu’ils sont heureux de venir à l’école, parce qu’ils s’approprient leur classe et ne s’y sentent pas en danger.

Corinne Famelart

à lire aussi

ceintures de comportement (cycle 3)

Le règlement, c'est le règlement !

L'école en tant que cadre

le cadre au cycle 1

 

 


Discussion


L'école dans laquelle je suis depuis l'année dernière fonctionne avec un système de permis qui ne me convient pas tout à fait et celui que vous présentez sur ce site m'intéresse parce qu'il me paraît plus clair. J'aurais quand même besoin d'une ou deux précisions : un élève peut-il perdre sa ceinture ? Si, par exemple, il a déjà une ceinture bleue et qu'il ne range pas ses affaires pendant une semaine, perd-il toutes ses ceintures ? Et à partir de quand mets-tu ça en place dans ta classe ?

De la même façon, je voudrais me lancer dans les Conseils de coopérative, mais ça reste encore assez flou pour moi : à quel moment fais-tu le premier ? Penses-tu qu'en CE1/CE2 un élève puisse le gérer ? Qui établit l'ordre du jour et de quel ordre est-il ? J'imagine que ce sont les élèves qui écrivent le compte-rendu, mais à quel moment ? Merci pour tes réponses et pour l'intervention que vous avez faite sur le site, ça m'a apporté déjà beaucoup de réponses !

Elodie S.

(28 août 2005)


Oui, en comportement, un élève peut perdre sa ceinture. Elle est remise en cause à chaque fin de semaine, lorsque je me réfère à la grille d'observation. Oui, il perd toutes les ceintures s'il n'a pas rangé ses affaires. Je mets cela en place dès la rentrée, le deuxième ou le troisième jour. Sinon, forcément, il me faudrait trouver des solutions intermédiaires peu satisfaisantes.

Le Conseil de coopérative a lieu dans ma classe tous les lundis. Le premier a lieu le premier lundi. Cette année, ce sera donc le quatrième jour de classe.

Dans ma classe, c'est moi qui suis présidente, mais j'ai des GS-CP-CE1. Peut-être que mes CE1 pourraient le faire, mais il faut savoir qu'ils sont très habitués à ce fonctionnement. Rémi, qui a le cycle 3, peut peut-être te donner son avis sur les CE2. À ta place, je pense que je commencerais par le diriger moi-même (c'est d'ailleurs ce que Rémi fait le premier mois) et je verrais ensuite si ce poste peut être délégué à un élève.

C'est moi qui établis l'ordre du jour. En général, lors du premier Conseil, on décide le règlement de la classe. Lors des Conseils suivants, on commence par relire le compte-rendu de la semaine précédente et on voit si les décisions ont été appliquées. Ensuite, on ouvre la boîte et on traite les mots l'un après l'autre. Il se peut qu'il y ait un point supplémentaire à l'ordre du jour. Dans ce cas, je l'annonce en début de Conseil.

Oui, ce sont les élèves qui écrivent le compte-rendu. En début de séance, un secrétaire volontaire est nommé. Il a pour tâche d'écrire les décisions sur le cahier du Conseil. À chaque fois qu'une décision est prise, je la lui dicte 1 ou 2 fois, puis je le laisse se débrouiller pendant qu'on passe au point suivant. C'est une formidable situation d'écrit. La seule exigence est que je puisse relire. Ensuite, je le tape à l'ordinateur pour que les décisions soient consultables et lisibles par tous.

Corinne Famelart

Des élèves de CE2 peuvent parfaitement gérer un Conseil de coopérative. Pendant les mois de septembre et octobre, j'assume toutes les fonctions : président, trésorier, secrétaire. Les élèves disposent d'une leçon, écrite, qui récapitule les tâches à effectuer pour chaque fonction.

Fin octobre, je procède à l'élection du bureau. Je me porte candidat pour le poste de président, mais s'il y a d'autres candidats, je vote pour eux. Cela permet aux élèves de me remplacer quand ils jugent qu'ils sont prêts.

La coopérative fonctionne ainsi d'une façon de plus en plus autonome. Le bureau a le droit de demander ma présence pendant qu' il prépare la prochaine réunion (cela se passe pendant les récréations).

Rémi Castérès

Tout d'abord, on doit vous le dire souvent,  merci pour votre site, merci de partager votre expérience : c'est une grande aide !

J'ai pour la première fois un CP. C'est ma deuxième année d'enseignement. J'ai installé en début d'année un conseil de classe avec "la boîte du conseil". Jusqu'à présent les conseils se déroulaient convenablement, ils ont permis à certains élèves d'avancer, mais j'ai été surpris, la semaine dernière, par le point suivant : une élève se plaignait d'être gênée régulièrement par son voisin de table, elle en parle donc au conseil. Cet élève est effectivement assez bavard et très "bougeon". Au moment des propositions, un petit sourire de la plaignante m'a surpris. La proposition retenue a été que l'élève change de place et soit mis seul à une table.

J'ai ensuite appris qu'il était question d'une vengeance.  La plaignante a donc *utilisé* le conseil pour se venger de son voisin à propos d'un problème extérieur à l'école et pour arriver à ses fins. J'ai décidé d'en reparler au conseil suivant. Ce problème vous est-il déjà arrivé ? Comment faire pour que le conseil ne soit pas "instrumentalisé" par certains élèves ? N'est-ce pas là une limite du conseil ?

Alex D.

(22 octobre 2005)


Le Conseil, comme tout autre dispositif utilisé en classe, est tout à fait exposé aux dérives. La situation que tu présentes en est une, et je comprends que cela t'ait fortement gêné.

Pour éviter cela, je pense qu'il faut être très strict quant au cadre du débat (comme nous l'exposons dans la page "Pédagogie du débat").

Il faut que la discussion se passe de manière très précise :

1. La plaignante expose son problème.

2. Celui qui est mis en cause donne son point de vue.

3. Une discussion est organisée, au cours de laquelle tous ceux qui le souhaitent interviennent, en respectant un ordre de prise de parole précis, et sans laisser le monopole de la parole à celle qui accuse. Pas de polémiques !

4. La discussion est close (sans exception) et on passe aux propositions. Elles sont listées et l'une d'elles est choisie.

À ce moment-là, dans le cas que tu présentes, il faut que les deux personnes concernées soient d'accord. Cela ne doit pas être soumis au vote car ça ne concerne pas tout le monde. Ce petit garçon était-il d'accord pour être déplacé ? Si oui, et s'il est vraiment gênant, ce n'est pas une si mauvaise solution que cela, puisque tu reconnais qu'il est assez remuant. Elle était peut-être réellement dérangée. Par contre, si c'est la classe entière qui a voté cela et que l'enfant concerné n'était pas d'accord, il y a un problème.

D'autre part, le cadre du conseil est précis. Pour que les décisions prises y aient de la valeur, nous ne devons pas nous attacher aux rumeurs, à ce que nous savons, à ce que nous apprenons après. Les seules indications valables sont les faits, auxquels nous nous référons le plus possible.

Il m'est arrivé de savoir des choses, d'en apprendre par hasard. Mais le conseil est souverain, et les décisions sont appliquées, parce qu'elles ont été élaborées le plus justement possible.

Dans le cas que tu présentes, comment peux-tu établir la part de la vraie gêne et de la vengeance ? Ce n'est pas toi qui peux le savoir. La seule solution est de t'appuyer, au cours du conseil, sur les témoignages et sur les faits, et de laisser les personnes concernées trouver une solution commune, avec l'aide des autres.

C.F.

Le dernier conseil s'est bien déroulé. Nous sommes revenus, en introduction, sur les effets du changement de place de l'élève bavard et les deux élèves sont satisfaits de cette décision.

Par contre, comme tu me le dis dans ton mail, je ne fais plus voter, par l'ensemble du Conseil, les propositions qui concernent que quelques élèves. Ça me semble tellement évident maintenant !

J'ai été ravi, car le Conseil commence à prendre de l'importance pour les élèves. Ce vendredi, une élève a fait sa première proposition : des grands tableaux viennent d'être fixés sous le préau. Le mot qu'elle a écrit a été le suivant : "Je voudrais avoir des craies pour dessiner sur le tableau à la récré." Le Conseil en a discuté et nous sommes arrivés à un fonctionnement que nous allons mettre en place dès lundi ! C'était un grand moment pour les élèves qui ont senti le pouvoir de décision qu'ils avaient.

Je me permets de te solliciter encore une fois pour les ceintures de comportement (et les sanctions). Je voudrais également les mettre en place dans ma classe. Pour les ceintures, je comprends les principes mais quelques détails me posent questions.

Tout d'abord, les droits accessibles par ces ceintures peuvent-ils être choisis par les élèves au moment du conseil ? J'ai peur de donner des droits qui n'ont pas assez de sens pour les élèves, qui ne soient pas de vrais droits.

Ensuite, je suis dans une école où les classes sont encore très cloisonnées et où chaque enseignant travaille dans son coin (je noircis quelque peu le tableau !) Est-ce-que les ceintures de comportement pourront aider mes élèves à grandir si au CE1, on leur donnera des lignes à copier dès qu'ils enfreindront les règles ? Autrement dit, ne faut-il pas une cohérence au sein du cycle et de l'école ainsi qu'une longue durée pour que les ceintures portent leurs fruits ?

Sinon, en un peu moins d'un an, comment ne pas entrer dans une logique de "bons points" ? Quels sont les écueils à éviter ?
Enfin, notes-tu tous les écarts des élèves ou seulement ceux de la ceinture à acquérir ?

Pour les sanctions :

La sanction que j'applique actuellement est 5 min sur une chaise dans le coin bibliothèque. Le problème est que dans notre règlement de classe il y a : "Je ne dois pas couper la parole." Il en résulte que plusieurs élèves se retrouvent assis plusieurs fois par jour sur cette chaise. Cela me gêne car, inévitablement, ils perdent du temps sur leurs travaux en cours (et pour certains, ils n'en ont vraiment pas besoin).

Jusqu'à présent, j'ai réussi à respecter l'application des sanctions, mais je m'interroge. Ne devrais-je pas intégrer le fait de ne pas interrompre la personne qui parle dans mes futures ceintures ? Et proposer au conseil de supprimer ce point du règlement qui perturbe ces élèves dans leurs travaux ? Qu'en penses-tu ?

Merci à toute l'équipe de Saint-Didier de m'aider à grandir dans mon métier !

Alex D.


 

1. Je ne pense pas que les élèves puissent choisir les droits qui leur sont donnés. C'est de l'ordre du "C'est comme ça." Ils sont libres d'acquérir ces droits ou pas, mais le cadre est donné par l'enseignant.

La crainte que tu as est tout à fait légitime, et c'est d'ailleurs souvent le cas. J'ai vu des classes dans lesquelles les élèves acquièrent le droit de faire un travail quand ils en ont terminé un. Quel droit !

La seule solution est de s'adapter à la classe, aux élèves, et de leur donner quelque chose en plus. Pour cela, au début, il faut qu'ils aient peu : pas le droit de se déplacer en classe sans autorisation par exemple... L'expérience m'a montré qu'il vaut mieux donner en plus que d'enlever. La première année où j'avais le cycle 2, les élèves avaient tous les droits en début d'année et je leur en enlevais quand ils ne respectaient pas certains devoirs. C'était une catastrophe !

À toi de voir ce que tu peux leur donner en plus. Dans ma classe, les droits sont :

– utiliser librement le matériel collectif ;

– avoir 2 métiers ;

– conduire le rang ;

– sortir de la classe sans autorisation ;

– travailler en dehors de la classe ;

– rester en classe sans adulte.

2. Évidemment, la cohérence dans l'équipe, c'est mille fois mieux. Mais cela vaut le coup d'essayer, même si tu es seul et que c'est pour un an. Je pense que d'autres personnes du groupe pourraient te répondre, car moi, je ne l'ai jamais fait. En une année, tes élèves grandiront et seront acteurs de leur comportement. Tu ne peux pas vouloir être à tout prix dans la cohérence si cela signifie aller contre ton désir de croissance des élèves.

3. Cela n'a rien à voir avec les bons points. Parce que les élèves ont prouvé qu'on peut leur faire confiance, on leur donne cette confiance. Moi, je les laisse sortir de la classe sans les surveiller parce qu'ils m'ont prouvé, par leur attitude, qu'ils sont autonomes et qu'ils ne feront pas de bêtises dès qu'ils ne seront plus sous mon regard. Il faut leur donner des droits, et pas des cadeaux, des récompenses. Cela n'a rien à voir.

4. Je pense que le problème de fond, c'est que le fait de ne pas couper la parole n'est pas négociable. Donc, cela n'aurait pas du être décidé en Conseil. Accepterais-tu, si les élèves n'avaient pas voté, que des enfants te coupent la parole librement ? Tu leur as fait voter quelque chose que, d'après moi, tu aurais dû imposer. Le conseil ne doit voter que des points pour lesquels cela ne dérange pas ta conduite de classe.

C.F.

L'année dernière, j'ai mis en place dans ma classe de CP/CE1 les ceintures de comportement alors que j'étais nommée à l'année dans l'école. Je me suis posé aussi la question de la cohérence, mais je venais de passer deux ans à Saint-Didier et me voyais mal fonctionner autrement. Et je n'ai vraiment pas regretté. Après 2 ou 3 semaines de découverte du système, les élèves commencent à faire des projets: "Je vais essayer d'avoir telle ceinture... "

Et le fait de remplir la grille de comportement sous leurs yeux, après avoir dit par exemple, "untel, tu déranges", donne une importance à la remarque qu'elle n'aurait pas sans cela.

Au début, certains dérangent énormément et ça peut paraître fastidieux de noter chaque fois. Mais il faut s'y tenir et ça diminue très vite. En un an, j'ai vu le nombre de traits diminuer fortement.

La fierté des enfants ressentie au moment de l'annonce des ceintures obtenues et le plaisir qu'ils ont à utiliser leurs droits fait plaisir à voir. Ce système les fait vraiment grandir.

J'aimerais bien voir cette année s'ils sont toujours aussi responsables, s'il leur reste quelque chose. Je l'ignore mais même s'il n'en restait rien du tout, ils auront au moins été acteurs de leur comportement pendant un an. Le changement est si important que je suis retombée de haut, en début d'année (je recommence pour un an dans une nouvelle école), je n'avais plus l'habitude de certaines attitudes ! Mais ça y est, les enfants ont déjà bien grandi.

Bref, n'hésite pas à te lancer, surtout en CP. Je me demande ce que ça donnerai pour un an en CE2 ou après, avec des enfants qui n'auraient pas vécu de responsabilisation plus tôt. Peut-être serait-ce plus long à entrer dans la culture de la classe?

Perrine Vidalat

Félicitations pour votre site que je viens de parcourir très rapidement. Je suis parent d'une petite fille en CP dans une école où un système de permis à point a été mis en place. Comptabiliser de manière négative un comportement me semble totalement dépassé, voire contre-productif. Ma fille est dans la crainte de perdre un point comme l'une de ses copines. Son assurance vacille et j'en suis navré. C'est la raison pour laquelle à la lecture de vos pages, je suis enchanté de constater que l'on fasse ailleurs et concrètement entrer les principes généraux du droit à l'école. Ce me semble être une manière exemplaire de former des citoyens responsables.

Pascal

(1er décembre 2005)


Je suis tombée par hasard sur votre site mais j'en suis très contente car il fait écho à un reportage que j'ai vu en avril 2006. Je pense déjà à l'an prochain et j'aimerais essayer de mettre en place ce mode de fonctionnement, j'ai vraiment envie de donner plus de place à mes élèves. Après avoir lu les questions/réponses, il me reste un élément flou : lorsqu'un élève ne respecte pas une des règles de vie de la classe, on le note sur la grille par un trait, j'ai cru comprendre qu'on le note devant lui en disant : tu déranges la classe ou quelque chose comme ça, mais y a-t-il une sanction immédiate ? Est-ce à la suite de ça que tes élèves vont s'asseoir trois minutes en dehors du groupe ? J'ai aussi très peur de ne pas être assez rigoureuse ou de retomber dans un fonctionnement plus autoritaire, surtout lors des conseils de coopérative.

Nathalie R.

qui a très envie de changer sa pratique de classe

(16 mai 2006)


Dans la grille, cette année, il y a cinq items : 

1. Ceinture blanche : Ranger ses affaires et prendre soin du matériel collectif

2. Ceinture orange : Faire son métier avec sérieux

3. Ceinture verte : Respecter le règlement du rang

4. Ceinture bleue : Respecter le règlement de la classe

5. Ceinture noire : Ne pas déranger

Lorsqu'un enfant fait quelque chose qui gène la classe et donc, apparaît dans cette grille, je lui fais un trait dans la colonne correspondante. Soit je l'en informe ("Zébulon, tu ne restectes pas le règlement du rang"), soit je ne le fais pas ; cela dépend des circonstances. Ils regardent de toute façon régulièrement la grille pour savoir où ils en sont.

Il n'y a pas de sanction immédialte, sauf pour l'item "Réglement de la classe", car cela a été voté en Conseil. Cette année, si quelqu'un ne respecte pas le réglement de la classe, il recopie le point du réglement concerné. Cela demande de la rigueur, de ne surtout pas prévenir, et d'appliquer ce fonctionnement en toutes circonstances.

C.F.

Je suis enseignante en GS à Paris.

J’ai découvert le système des ceintures de comportement l’an dernier, au troisième trimestre. Je l’ai mis en place dans ma classe, avec succès. Les enfants ont bien accroché, et l’atmosphère de la classe s’est considérablement apaisée. Plusieurs enfants sont allés jusqu’à la ceinture noire, et tous les autres ont eu au moins deux ceintures. Mais il s’agissait d’élèves de GS en fin d’année.

Forte de cette expérience, j’ai remis le système en place cette année dès la rentrée, confiante, bien que je sois pour l’instant la seule dans l’école à l’utiliser. Mais voilà, nous sommes en début d’année, et certains de mes élèves sont très bébés encore, et remuants. Ils voient donc leurs camarades « avancer » dans leurs ceintures (certains en ont déjà trois, et pas volées !), alors qu’eux ne parviennent pas à obtenir la première. Ce qui m’inquiète beaucoup, c’est que ce matin, les enfants sans ceintures se sont rebellés au moment de l’attribution des métiers (en lien avec les ceintures obtenues), et ont redoublé de caprices et de singeries pour marquer leur opposition. Je pense qu’ils ne peuvent pas encore accrocher au système, parce que ça représente un effort trop considérable pour eux, et j’ai peur qu’ils ne se découragent vraiment. La première ceinture (jaune), concerne le rang. La seconde (orange), le rangement. Est-il possible d’inverser les ceintures (rangement puis rang), pour les enfants qui n’ont rien, afin de revaloriser l’image qu’ils ont d’eux-mêmes, ou dois-je tenir bon, alors que je me rends compte que se tenir correctement en rang est plus difficile cette année que bien ranger ? Puis-je leur dire que ce n’est pas grave, qu’ils obtiendront leurs ceintures plus tard dans l’année ? Ou cette frustration est-elle nécessaire ? Ou ai-je eu tort de commencer si tôt dans l’année ?

Cette année, tout est plus difficile, également, en raison de la présence d’un enfant ayant de gros problèmes psychologiques, avec lequel je dois faire preuve de la plus grande patience et d’une certaine souplesse. N’ayant personne avec moi dans la classe, je ne peux matériellement pas l’obliger à être avec nous en regroupement, il lui arrive donc d’errer dans la classe – il a le plus grand mal à se poser à une activité lorsque je ne suis pas à côté de lui – et d’essayer par tous les moyens d’attirer mon attention. Mon autorité en a pris un grand coup car j’ai du mal à cerner ce dont il est vraiment capable, et donc ce que je dois exiger de lui ! Et cela crée une faille dans laquelle j’ai le plus grand mal à ce que certains ne s’engouffrent pas. J’ai pourtant bien expliqué que chacun grandit à son rythme et que cet enfant n’est pas encore prêt à travailler en grand groupe ; trois ou quatre enfants semblent comme aspirés par le bas et me montrent que le système des ceintures est encore à des années-lumière pour eux.

Voilà, j’ai bien conscience d’exposer deux problèmes différents, mais j’ai l’impression qu’ils sont liés.

Merci par avance pour votre réponse, et merci également pour tout ce que nous apporte votre site. Car si mes collègues ne sont pas encore tentées d’essayer les ceintures de comportement (leur système d’autorité leur semble plus efficace, ou moins compliqué, et je dois dire que pour l’instant je ne suis pas en mesure de les contredire) nous travaillons cette année, les trois classes de GS, sur les évaluations avec l’escalier et la quasi moitié de l’équipe est allée sur votre site !

Anne-Charlotte C.

Paris (9e)

(2 octobre 2006)


Plusieurs réponses me viennent quand je réfléchis à ton problème :

Cela a fonctionné l'an dernier. Cela prouve que cela peut fonctionner. Il faut donc y croire.

C'est plus difficile quand on est tout seul dans une école, et que les collègues ne fonctionnent pas de la même façon. C'est la rentrée. C'est complètement nouveau. C'est normal que des enfants jeunes n'adhérent pas tout de suite, et cela peut prendre beaucoup de temps. C'est évidemment plus facile quand ils ont déjà pratiqué en moyenne section.

Certains enfants ne sont pas prêts pour cela. C'est comme ça. Ce n'est pas une raison pour supprimer le système. C'est au contraire un moyen de les aider à grandir. Il est important que les droits soient de vrais droits, et que ceux qui ne les obtiennent pas se sentent privés de quelque chose. C'est un effort trop grand pour certains, c'est vrai, mais cet effort, un jour, ils le feront.

Le bilan est important. Lors de l'attribution des ceintures, il faut dire à chacun combien de fois il a dérangé, ou mal rangé le matériel. Il est important de pointer auprès de certains que, même s'ils n'ont toujours pas de ceinture, ils ont eu moins de traits dans la grille et qu'ils sont en progrès.

Je ne pense pas que la grille de comportement puisse souffrir des aménagements pour certains et pas pour d'autres. Elle en perdrait sa valeur. Mais j'ai remarqué que, d'une année sur l'autre, on peut être amené à modifier la grille, en fonction de la classe qu'on a et des différents problèmes qu'on y rencontre. L'an dernier, j'en avais plus qu'assez d'avoir dans ma classe des élèves qui étaient sans arrêt à genoux sur leur chaise, ou les pieds dessus. J'ai ajouté cet item dans ma grille cette année, et cela améliore considérablement le problème. Je te conseille de modifier ta grille pour tous, après avoir réfléchi à ce qui ne va pas, puis de l'expliquer clairement à la classe, et de mettre en place ce nouveau fonctionnement après des petites vacances, par exemple.

Autre chose : en début d'année, avec une classe difficile, avec des enfants jeunes, on met énormément de traits dans la grille (j'en sais quelque chose). Il faut le faire, il ne faut pas baisser les bras, et il faut le faire avec tous. C'est le seul moyen de mesurer les progrès accomplis. L'enfant dont tu parles, s'il vient dans ta classe, c'est qu'il doit être scolarisé normalement. Le régime doit être le même pour lui que pour les autres, et ne pas souffrir d'aménagements. Sinon, tu ne l'aideras pas à se dépasser, et en plus, comme tu l'indiques, les autres en profiteront. Il n'est pas capable d'avoir des droits, donc il ne les a pas. C'est tout simple, et c'est logique. Ce n'est pas une punition, une brimade ; c'est une marque de confiance qu'on peut (ou pas) accorder.

Tu as bien fait de commencer tout de suite. Le cadre se doit d'être mis en place dès le départ. C'est le fondement de la vie de la classe.

C.F.

 

Ta réponse m’a éclairée, je vais continuer et voir comment ça évolue. Je pense, en y réfléchissant, que c’est moi aussi que ça dérange, si certains enfants ne rentrent pas tout de suite dans le système. Lorsque je ne fonctionnais pas comme ça, mais surtout avec la voix et les réprimandes, je n’ai jamais eu d’enfant autant en opposition (je n’en ai jamais eu dans cette école en fait…) Ça fait tout drôle, et je crois qu’il faut que je patiente un peu. Mais c’est vrai que lorsque l’adhésion des enfants est acquise, ils grandissent plus vite et mieux. Je le vois déjà chez certains, qui m’épatent. En fait, pour l’instant, j’ai l’impression que les ceintures stressent un peu les enfants… ou moi, ou les deux !

Anne-Charlotte C.

Paris (9e)

(4 octobre 2006)

 

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jeudi 05 octobre 2006