École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

Gestion de la classe

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Mes tâches de maître-formateur m'ont amené à visiter de nombreuses classes. J'ai vu des dysfonctionnements - certains sont très répandus - que j'ai notés ci-dessous dans la colonne “difficultés”. L'enseignant débutant est conscient du problème mais ne sait pas comment y répondre. Les solutions que je propose ne sont certainement pas les seules. Elles ont l'avantage d'avoir fait leurs preuves.

Je souligne que ces problèmes ne sont pas dus aux personnes, mais à la quasi absence de formation initiale sur la gestion de la classe.

Rémi Castérès

 

 

 

Difficultés

Causes probables,
commentaires

Conseils

Vous dites : « J'ai beau leur répéter dix fois la même chose, il y en a toujours qui ne savent pas ce qu'il faut faire ! »

Vous leur répétez dix fois la même chose.

Les enfants en concluent :

1. que c'est ennuyeux de vous écouter ;

2. qu'il est inutile de vous écouter, puisque, de toute façon, vous allez répéter.

1. Ne répétez pas ce que vous avez dit.

2. Demandez s'il y a des questions.

3. Vérifiez que les élèves ont compris les consignes (ne vous contentez pas de : « Tout le monde a compris ? OK ! » )

Pour cela, plutôt que de leur faire répéter les consignes, demandez-leur de les interpréter : « Aristide, que dois-tu faire ? » La question ainsi posée empêche l'enfant de se contenter d'une écoute passive.

4. Permettez aux enfants de revenir aux consignes s'ils ont des doutes, par exemple en les écrivant au tableau.

Vous mettez les élèves au travail et vous constatez, 20 minutes après, que certains font autre chose que ce que vous avez demandé.

Vous n'avez pas vérifié que les élèves avaient compris les consignes.

Vérifiez systématiquement la compréhension des consignes. Ça fait perdre 5 minutes et gagner beaucoup de temps.

La vérification de la compréhension des consignes était superficielle.

Ne vous contentez pas de : « Est-ce que tout le monde a compris ? » - question à laquelle il est d'ailleurs impossible de répondre par oui.

Quand vous constatez qu'un enfant n'a pas compris la consigne, vous la lui ré-expliquez.


L'enfant (A) écoute ou réécoute ce que vous avez déjà dit. Pendant ce temps, les autres n'ont rien à faire.

Il s'agit d'impliquer tous les enfants, de façon à ce qu'ils soient obligés de penser à ce que vous leur dites.

1. Vous demandez à un autre élève (B) d'expliquer quelle est la tâche à l'élève (A). L'élève (B) peut être volontaire ou tiré au sort.

2. Cela ne suffit pas : vous redemandez à (A) de dire quelles sont les consignes.

3. Soit (A) répond correctement : on passe au travail.

4. Soit (A) ne sait toujours pas : on demande à un élève (C) d'expliquer plus clairement à (A).

Un élève n'a aucune chance de réussir la tâche demandée s'il ne sait pas ce qu'il doit faire.

Vos élèves ne parviennent pas à réaliser la tâche demandée.
Vous empêchez les élèves de travailler en leur parlant continuellement. Exemple Autre exemple. Encore un exemple.
Laissez les élèves tranquilles pendant qu'ils effectuent le travail que vous leur avez donné.
Les consignes étaient incohérentes. Exemple.

N'improvisez pas à la dernière minute.

Écrivez ce que vous allez dire.

Quand vous préparez la leçon, imaginez comment vous réagiriez si vous étiez un élève.

Les conditions matérielles ne permettent pas de mettre en œuvre les consignes. Exemple.

Anticipez sur ce qui va se passer.

Vous déplorez que les élèves ne s'écoutent pas entre eux.

Vous répétez ce qu'ils disent.

À l'IUFM, on vous a dit de reformuler ce que disent les élèves, afin que ces derniers entendent la version correcte de leurs propos.

Ne répétez pas ce que disent les élèves. C'est plus difficile à faire qu'à dire et cela nécessite du sang-froid. Il faut du temps pour que ça devienne efficace.

Vous vous mettez au centre du fonctionnement de la classe, toute parole doit passer par vous. Vous refusez les échanges directs entre les élèves.
Réfléchissez au rôle que vous vous attribuez, au statut que vous accordez aux élèves.

Contrairement aux autres, cette cause n'est généralement pas perçue par les enseignants eux-mêmes.

Vos élèves parlent de façon inaudible.

Vous répétez ou reformulez tout ce qu'ils disent.

Cessez de répéter ou de reformuler. La parole des enfants prendra de l'importance.

Vous vous plaignez qu'il y a trop de bruit dans la classe.

Vous criez.

Modulez votre voix : parlez suffisamment fort quand vous vous adressez à toute la classe, à voix basse pour un petit groupe, en chuchotant pour un seul élève.

Les élèves calqueront leur comportement sur le vôtre.

Vous parlez avec la même voix à un seul élève ou à toute la classe.

Vous parlez continuellement.

Installez un magnétophone et enregistrez. À l'écoute, vous comprendrez ce qu'il faut modifier..

Beaucoup d'élèves s'ennuient ou chahutent...

Ils n'ont rien à faire.

 

Vous avez prévu que les élèves travailleront tous au même rythme, ce qui n'est jamais le cas. Prévoyez une autre activité (individuelle, en autonomie) pour ceux qui terminent vite.
Modifiez les dispositifs afin que vous fassiez moins de choses et que les élèves en fassent plus. Par exemple, en sciences, il est préférable qu'ils agissent plutôt qu'ils vous regardent faire.
Les leçons sont trop longues.

Raccourcissez la durée des leçons.

Au sein d'une même leçon, variez les activités (moments oraux, expérimentation, dessin, travail écrit...) et les modalités (travail individuel, travail en petits groupes, travail collectif...)

Alternez les moment collectifs et les activités individuelles, le travail oral et le travail écrit.
L'activité n'a pas un sens clair pour eux. Exemple. Dites aux élèves pour quoi ou pour qui ils vont faire le travail que vous demandez. Vérifiez qu'ils ont compris.

...surtout au moment de la correction.

La correction est trop longue.

Acceptez de ne pas traiter tous les aspects du problème.

Il n'y a pas d'enjeu.
Mettez un enjeu, même minime, pour maintenir l'attention des élèves, par exemple, 1 point par réponse juste. Il ne s'agit pas de mettre une note (ce sont les enfants eux-mêmes qui s'attribuent les points), il s'agit d'utiliser leur goût pour la compétition.
En situation-problème, vos élèves se lassent vite. Ils effectuent les manipulations, mais rechignent à réfléchir et à écrire.
Vous avez présenté la situation exclusivement de votre point de vue. Exemple. Faites en sorte que le problème devienne très important pour les enfants.
Vous pouvez utiliser par exemple le défi (il faut résoudre un mystère - voir une recherche des CM2 en géométrie) ou la compétition (il faut trouver la meilleure réponse). Exemple.
Vous vous sentez inutile ou coupable de paresse quand vous cessez de parler.
À la faculté puis à l'IUFM, vous avez toujours eu en face de vous des professeurs dont le principal attribut était de discourir. Vous essayez de reproduire ce modèle.
Dès que vous le pouvez, mettez-vous en retrait et observez discrètement un ou deux élèves, dans la durée. Notez vos observations par écrit.

C'est eux qui vous apprendront votre métier.

 


Discussion


J'aurais aimé savoir si possible quelle démarche et quel déroulement est idéal pour une leçon de sciences ou de géographie.

Nicolas M.

(22 janvier 2004)


Pour une leçon de sciences ou de géographie, comme pour les autres, l'idéal est de varier les démarches et le déroulement... Dans la majorité des classes, le seul dispositif utilisé est la "classe dialoguée", avatar amolli du cours magistral et c'est ce qui pose problème.

Vous trouverez beaucoup d'éléments pour répondre à votre question dans "l'école pour apprendre" de Jean-Pierre Astolfi, ESF.

R.C.

Je suis professeur au collège et j'ai apprécié ces conseils car ils font appel au bon sens, même si nous avons tendance à les négliger. J'ai une courte expérience car je fais des remplacements, et je regrette de ne pas avoir d'aide sur mes lieux d'enseignement. J'ai travaillé dans trois collèges,
sans rencontrer d'inspecteur ou de formateurs. Je pense qu'il y a une réelle négligence à ce niveau car tous les remplaçants sont livrés à eux-mêmes, sans reconnaissance ni soutien. Ceci est dommageable pour les élèves et leur prof.

Je tâcherai de me souvenir de ces conseils de gestion de classe, en regrettant pourtant de ne pas pouvoir m'entraîner en dehors de mes heures de cours.

Florence B.
(27 janvier 2004)


J'ai écrit ce document à partir d'observations effectuées dans des classes primaires, sans penser un instant que cela pourrait être utile au collège. Il est évident que vous avez raison : cela doit être aussi utile pour enseigner au collège. Il y a des contraintes supplémentaires par rapport à l'école primaire dont il faudrait tenir compte (gestion des horaires, rapports entre adolescents), mais l'essentiel est bien là.

Vous avez aussi raison d'être étonnée de ne pas recevoir l'aide nécessaire... Si un jour vous la recevez, tant mieux. En attendant, il vaut mieux que vous comptiez sur vos propres ressources et que vous repériez les gens, les associations, les sites Internet... qui peuvent vous conseiller.

R.C.

Merci infiniment pour vos conseils, qui sont d'une aide précieuse pour quelqu'un comme moi, de nationalité britannique et donc confrontée au système français pour la première fois. Que conseillerez-vous pour le bon
déroulement d'une classe d'anglais ? Mes élèves disent qu'ils détestent la langue et sont peu motivés. Merci d'avance.

Michelle C.

Guadeloupe

(6 mai 2004)


J'imagine que vous êtes confrontée au problème qu'éprouvent vos collègues britanniques qui enseignent le français à des élèves qui s'en fichent complètement...

Quand la matière étudiée ne suscite pas un vif intérêt pour elle-même, j'utiliser la compétition - qui a aussi un aspect ludique - par exemple en grammaire et en conjugaison.

R.C.

Il est évident que même ici, aux Etats Unis, où j'ai fait mes études en Psychologie dans l'Éducation, le domaine le moins développé est la gestion de classe (classroom management). Pourtant, les problèmes de discipline sont tellement plus faciles à prévenir qu'a guérir !

J'ai été formée par un excellent professeur qui reconnaissait que c'est vraiment un domaine négligé, alors que chaos et instabilité émotionnelle sont à la base d'une majorité de problèmes d'apprentissage de nos jours... J'ai lu énormément sur le sujet et la conclusion des professionnels est que : "cognitive learning will not take place unless emotionnal wholeness/balance is in place"  (ça veut dire qu'un enfant frustre, indiscipliné, une classe déstabilisée, etc. sont l'ennemi quant à pouvoir passer à un niveau de compréhension supérieur et d'apprentissage).

Même dans mon cours de "classroom management" qui semblait être déjà "avancé/approfondi" le seul "truc" était "positive reinforcement & alertness", en d'autres termes être aux aguets et aussi faire état de tout comportement que l'on approuve, de manière à inciter ceux qui ne l'adoptent pas à vouloir suivre le mouvement, plutôt que répression/intervention/discipline, tant que possible... (avez vous des conseils dans ce domaine?)

Donc, en conclusion, je pense sans nul doute votre analyse des problèmes communs dans une classe et vos conseils simples et judicieux, tels que vous les avez présentés dans votre site, seraient d'une grande aide (même pour des professeurs un peu plus "armés" mais qui n'ont pas été formes dans ce domaine).

Sabine

New-York

(8 novembre 2004)


Page très intéressante, que je compte utiliser partiellement pour une formation à destination de professeurs de français contractuels du secondaire.

Pourquoi ne pas envisager d'autres situations tout aussi problématiques (la question des déplacements des élèves ou du prof dans la salle, le travail au tableau et les traces par exemple) ?

Jean-Baptiste L. Professeur de Lettres, formateur

Guyane

(8 septembre 2005)


Bien sûr ! J'ai seulement noté ce qui m'apparaissait le plus fréquent dans les classes primaires.

R.C.

 

Je ne travaille pas dans ce domaine, mais je trouve que c'est une excellente initiative, surtout vis-à-vis des jeunes qui se lancent dans l'enseignement. Je remettrai ces documents à ma frangine qui effectue divers remplacements en ce moment, cela lui donnera des idées.

Hélène P.

(19 octobre 2005)


Bonjour, je suis PE2 en Dordogne et n'ai pas eu de problèmes de gestion de classe mais une collègue m'a raconté tous les problèmes rencontrés pour gérer le comportement d'un enfant seule et qui était en Hôpital de jour le reste du temps. Surtout qu'elle s'est vu reproché son manque de capacité par ses maîtres formateurs, ce qui est pour le moins injuste vu qu'on a eu aucun cours relatif à ça !

Merci de me renseigner à ce sujet car il se pourrait que ce soit mon tour dans un prochain stage.

Cathy

(17 février 2006)


Je vous félicite car j’ai rarement rencontré des PE qui n’éprouvaient pas de difficultés pour gérer leur classe. Pour ma part, cela a pris des années avant que j’arrive à me débrouiller. C’est d'ailleurs parce que j’ai reçu si peu d’aide que j’essaye de partager ce que j’ai difficilement appris.

Si vous arrivez dans une classe dont un élève est scolarisé à temps partiel, il doit y avoir un contrat d’intégration. Vous pourrez obtenir des renseignements auprès de l’enseignant titulaire, du directeur, des éducateurs ou psychologue impliqués.

Dans votre vie professionnelle, vous devez vous attendre à rencontrer des situations très difficiles. Chaque cas est particulier. Participer à un groupe Balint peut vous aider considérablement.

R.C.

Bravo pour cette page !

En effet, même pour ceux qui n’ont plus de gros problèmes (car moi aussi au début j’ai eu du mal à m’organiser, mais j’ai obtenu de l’aide de mes collègues) cette page permet de se remettre à jour.

Le fait que toutes ces interrogations soient posées de façon claire, en a soulevé d’autres dans ma façon de faire, mais cela m’a aussi rassuré sur certains points.

Même si certains pourraient dire que cette page n’apprend rien de neuf, un petit bilan de sa pédagogie ne fait pas de mal.

Merci encore de ces conseils et je serai curieux de voir un travail sur « la question des déplacements des élèves ou du prof dans la salle, le travail au tableau et les traces » suggéré par Jean-Baptiste L.

Antoine D.

(24 avril 2006)

 

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mardi 02 mai 2006