École publique de Saint-Didier-sous-Riverie

"Quoi de neuf ?" au cycle 3

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Comment mettre en place un "Quoi de neuf ?" dans une classe du cycle 3 ?

1. Démarrer

Il faut d'abord annoncer aux élèves de quoi il s'agira. Voici le genre de discours qui peut être tenu : « La journée commencera par un "Quoi de neuf ?" C'est un moment pendant lequel vous pouvez parler à toute la classe de votre vie, de ce que vous avez lu, de ce que vous avez vu, ou montrer quelque chose. Attention, vous n'aurez la parole qu'une seule fois chaque jour ; par contre, vous aurez le droit de poser des questions. Essayez de parler assez fort et clairement pour vous faire comprendre par tous. Y a-t-il des questions ? » Répondez aux questions s'il y en a, puis : « Alors, quoi de neuf ? »

Il est tout à fait possible que... personne ne demande la parole. Les élèves du cycle 3 sont plus réservés et plus méfiants que ceux du cycle 2. Ne manifestez rien et concluez : « Le "Quoi de neuf ?" est terminé.» Les jours suivants, contentez-vous de dire : « Quoi de neuf ? » Jamais vous n'obtiendrez d'emblée un "Quoi de neuf ?" comme celui qui est décrit dans la classe du cycle 3 de Saint-Didier-sous-Riverie. Ce qui est important, c'est que les élèves apprennent. La première chose qu'ils apprendront, c'est qu'ils ont le droit de se taire ; que cela ne remet pas en cause leur droit de parler, puisque, chaque matin, vous annoncez à nouveau : « Alors, quoi de neuf ? »

Forcément, un jour, un enfant demandera la parole.

Adrien présente une branche coupée par un castor.

 

Afin qu'un processus vertueux s'engage, je vous conjure de :

• ne pas répéter ce qu'aura dit cet enfant ;

• ne pas commenter ;

• ne pas manifester d'énervement, sous une quelconque forme.

Dans la plupart des classes, les élèves n'ont pas appris à parler clairement et distinctement. Ces compétences ne sont pas innées et ne peuvent pas survenir par miracle. Seule l'expérience et l'exemple que vous donnez permettent de progresser. Les hésitations, les cafouillages, les discours inaudibles prouvent qu'on est bien dans une phase d'apprentissage.

2. L'impatience du maître

Le premier obstacle, c'est l'impatience du maître.

Le maître souhaite que les élèves tiennent un discours "intéressant". Or, souvent, ce qui intéresse les enfants intéresse fort peu les maîtres... Si l'on accepte le "Quoi de neuf ?" comme un espace de transition entre la maison et l'école, il faut accepter que les enfants parlent de ce qui les préoccupe. Ce qui changera, avec le temps, ce ne sont pas les préoccupations des enfants - qui resteront toujours des enfants. C'est la façon de traiter ces sujets, en essayant de faire rire, en essayant d'attendrir, en essayant d'inquiéter leurs camarades (et peut-être aussi le maître).

Impatience toujours du maître qui va bientôt se soucier des enfants qui ne parlent pas. Bien sûr, c'est un droit, mais... « Et toi, Albertine, tu es bien sûre que tu n'as rien à dire ? » L'Albertine en question va ainsi apprendre qu'au "Quoi de neuf ?", il lui faut d'abord rassurer la maîtresse, donc apprendre à prononcer un discours convenu. En fait, j'ai vu des enfants qui se taisaient pendant presque un an et qui ne se mettaient à parler, comme les autres, qu'après avoir eu la certitude qu'ils n'y seraient pas contraints. D'ailleurs, pouvez-vous savoir combien de discours imaginaires ont été prononcés par ces enfants avant de se jeter à l'eau ?

3. Le "Quoi de neuf ?" qui dure trop

Selon le nombre d'élèves et les circonstances particulières, il peut être nécessaire d'apporter des limitations au "Quoi de neuf ?" En général, au cycle 3, il n'est pas indispensable de procéder à une inscription préalable, comme au cycle 1 et au cycle 2. Il est plus simple d'imposer qu'un seul sujet soit traité.

Il y a le cas des enfants qui se mettent à penser à haute voix, sans se soucier de savoir ce qu'en pensent les autres. C'est assez rare, je n'ai connu que deux cas en vingt ans. Le fait d'imposer qu'un seul sujet soit traité autorise à interrompre l'enfant dès que sa pensée s'égare. On peut aussi utiliser un sablier ou tout dispositif similaire pour limiter d'une façon raisonnable le temps de parole.

Par contre, il ne me paraît pas opportun de limiter à priori la durée de "Quoi de neuf ?" et d'interdire à certains élèves de s'exprimer quand le temps est écoulé. Les effets pernicieux sont évidents : on ne peut pas savoir a priori quels enfants ont le plus besoin de s'exprimer ; il risque d'y avoir de la rancœur, donc des conflits larvés à l'encontre de ceux qui ont "trop" parlé ; certains risquent d'en conclure que, puisqu'il n'y a pas de place pour tous, il faudra la prochaine fois se hâter d'obtenir la parole en gesticulant, en criant...

4. Le "Quoi de neuf ?" et les bavardages

Le cas le plus simple, c'est si la communication orale est évaluée, mais c'est rarement le cas. Je conseille alors de refuser la parole à ceux qui bavardent pendant que les autres s'expriment : « Marcel, tu demandes la parole, mais tu bavardais pendant que Gaétan parlait à toute la classe. Tu ne sais donc pas ce qui s'est dit et tu ne peux pas intervenir dans cette discussion. »

5. Un "Quoi de neuf ?" par semaine ?

Certains enseignants mettent en place un seul "Quoi de neuf ?" par semaine. Ce "Quoi de neuf ?" est généralement trop long et lassant : il y a tant à dire... Ce qui est sûr, c'est qu'il ne joue alors plus un rôle de transition entre la maison et l'école. L'enfant dont le chat vient de se faire écraser devra attendre avant de pouvoir faire partager son chagrin !

6. Et après ?

Quand le "Quoi de neuf ?" est bien installé, vous pouvez céder votre place de distributeur de la parole à un élève. Cela permet de prendre plus de recul, de repérer les constructions fautives comme « Si j'aurais su... » ou les tics de langage qui se propagent parfois comme des traînées de poudre (en ce moment, dans ma classe, la conclusion la plus répandue est : « Alors c'était bien marrant » même si ce qui vient d'être raconté n'est pas drôle du tout...) Cela pourra être travaillé au cours des leçons de français.

Rémi Castérès

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Discussion


J'ai essayé de mettre en place le quoi de neuf (le lundi et le jeudi matin). Les enfants ne parlent pas. Je continue pour l'instant en espérant que ça va se décoincer. Beaucoup de mes élèves ne s'expriment pas très bien en français, ne savent pas parler à un groupe, je me demande si c'est pour cela qu'ils ne désirent pas prendre la parole devant la classe.

Virginie B.
Saint-Fons (Rhône)
(9 septembre 2003)


J'ai recopié l'explication mot pour mot expliquant le principe du quoi de neuf et je leur ai lu le premier jour. Deux élèves ont parlé aujourd'hui, les autres les ont bien écoutés. Je vais persister et petit à petit d'autres élèves vont certainement s'y mettre également. Je crois qu'ils ont un peu peur de cet espace de parole libre, ils n'en avaient jamais eu l'occasion avant et ne savent donc pas comment la gérer. Je reste optimiste !

Virginie B.
(11 septembre 2003)


J'enseigne en classe coopérative de cm1/cm2 à Aujargues dans le Gard. Cette année, le quoi de neuf à beaucoup de mal à "démarrer" si je puis dire, et malgré les remarques de certains élèves (à propos de récits peu voire pas intéressants pour la classe à éviter), il y a toujours des enfants qui s'inscrivent pour raconter "qu'ils-ont-pris-un-bain-qu'ils-ont-mangé-puis-qu'ils-ont-dormi"... Comment faire pour leur donner quand même la parole sans décrédibiliser l'institution ?

Isabelle R.

Aujargues (Gard)

(27 décembre 2003)


Voici comment je conçois le cadre du “Quoi de Neuf ?” : le dispositif mis en place devait être vertueux, c’est-à-dire qu’il devrait permettre aux élèves de progresser sans intervention du maître, hormis, justement, pour maintenir le cadre.

Dans la situation que vous décrivez, je vois deux possibilités :

- le cadre que j’ai décrit n’est pas vraiment vertueux, c’est-à-dire qu’il ne permet pas aux élèves de progresser ;

- il présente des défauts.

Il me semble qu’il faudrait d’abord savoir si vos élèves progressent dans leur expression ou pas.

Vous avez un CM1-CM2 dans un village ; je suppose donc que vous gardez vos élèves deux ans. Il y a déjà là un indicateur : vos élèves qui parlent pour parler (et non pour communiquer) appartiennent-ils indifféremment aux deux cours ou plutôt au CM1 ? Si les CM2 n’étaient pas concernés par votre remarque, cela voudrait dire que, pour des raisons peut-être à déterminer, certains de vos plus jeunes élèves ont besoin de passer par une phase de discours creux… et que vous devez prendre votre mal en patience !

La situation évolue-t-elle dans le temps ou est-elle bloquée ? Pour le savoir, vous pouvez prendre une liste de vos élèves et noter, sur une semaine :

- qui prend la parole mais ne communique pas (dans cette catégorie, on pourra mettre le 5 janvier celui qui se contente d’énumérer la liste des cadeaux de Noël qu’il a reçus) ;

- qui prend la parole pour communiquer ;

- entre les deux, qui a un discours partiellement tautologique.

La même observation répétée à plusieurs mois d’écart vous permettra de savoir avec certitude s’il y a évolution ou pas.

Le cadre que j’ai indiqué peut-il être insuffisant ? Il faut d’abord que vous vous assuriez que vous ne répétez jamais, que vous ne commentez jamais, que vous ne manifestez jamais d’énervement. En d’autres mots, que vous instituez un cadre hors-menace qui est la garantie d’une parole libre.

Ceci supposé acquis, peut-il être amélioré ? Certainement.

De notre séjour à Chaux-des-Prés, ma classe a retenu l’idée de : « Y a-t-il des questions ? » après chaque intervention.

Je m’autorise à intervenir moi aussi dans le “Quoi de neuf ?”, pour raconter parfois, avec le plus de clarté, d’humour et de concision possibles un événement qui m’a marqué.

R.C.

Les élèves qui parlent pour parler sont effectivement des cm1, mais d'habitude ils ont déjà "intégrés" les règles du quoi de neuf, vu qu'ils l'ont pratiqué pendant un an en ce2, à moins qu'avec toutes ces journées, semaines... de grève...

Je vais dès lundi mettre en place le tableau et aussi éviter de montrer mon agacement (je le reconnais, vu que l'année dernière ça marchait impeccable, j'ai pu montrer quelques signes d'impatience...) À suivre...

Isabelle R.

(1 janvier 2004)


Vous avez donc déjà la réponse. Il a manqué quelque chose à certains de vos élèves du CM1. L’intérêt d’effectuer un suivi devient alors de savoir si le cadre en place leur permet de progresser ou si leur représentation du "Quoi de neuf ?" est tellement ancrée qu’elle les bloque dans leur attitude répétitive. Je penche pour la première hypothèse, mais vous avez mille fois raison de vérifier.

R.C.

Mes élèves ont un certain plaisir à parler lors des quoi de neuf (enfin !) et à présenter les livres qu'ils ont aimés.

Virginie B.
(12 janvier 2004)


Voilà, je débute dans l'enseignement, c'est ma première rentrée. J'occupe un poste de ZIL dans quelques jours, comment adapter le quoi de neuf ? Il me semblait intéressant pour établir un premier contact, mais si je ne suis là que quelques jours est-ce vraiment utile ?

Céline C.

(17 août 2004)

Le "Quoi de neuf ?" n'est pas forcément ce qu'il y a de mieux pour établir un premier contact... Si vos futurs élèves ne l'ont jamais connu et s'ils sont méfiants, ils risquent de ne rien dire !

Par contre, je crois qu'il est utile, ne serait-ce que pour quelques jours, car en le mettant en place, vous envoyez deux messages implicites. L'un aux élèves, qui est : "Votre place n'est pas seulement d'être des élèves passifs." L'autre, à vous-même, qui est : "Même en peu de temps, je peux faire quelque chose pour améliorer l'ordre du monde."

R.C.

 

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mercredi 26 juillet 2006